Charles Pasqua et l'impératif d'amnistie constructive
Il est temps que des responsables politiques nationaux de tous courants déchirent le voile des hypocrisies pour expliquer courageusement à l'opinion des contraintes qui doivent être soldées une fois pour toutes dans un véritable esprit de justice.
Depuis plusieurs décennies, le suivisme d'opinion produit des effets particulièrement négatifs car le pouvoir lâche quelques parcelles mais ne bouge pas fondamentalement.
C'est une spécificité Française.
Bon nombre d'autres pays traînent des "dossiers noirs" mais ont veillé à les gérer avec efficacité. L'efficacité, ce n'est pas la logique du bouc-émissaire. Ce n'est surtout pas celle de promettre que la page serait tournée sans qu'elle ne le soit vraiment.
Le réalisme du pouvoir doit être reconnu.
Où est la dignité d'un pays qui supporterait des irrégularités excessives pendant l'exercice du pouvoir en souhaitant ensuite que les titulaires disparaissent rapidement pour échapper aux foudres des poursuites ?
En réalité, derrière ce thème, il y a trois volets différents.
Tout d'abord, dans certains dossiers, la raison d'Etat doit être reconnue. Ne pas poser ce principe, c'est un premier pas vers le mensonge. Lorsqu'il s'agit de contrats d'armements, de libérations d'otages ... l'absence de raison d'Etat serait d'abord une inquiétante déraison d'Etat très grave à terme.
Ensuite, il y a le sujet des financements politiques. La place de l'argent dans la vie politique doit être abordée sans tabou. Est-ce que l'actuel dispositif qui monopolise les "trésors de guerres" dans quelques formations politiques est sain pour une démocratie ? Ce n'est pas évident. L'opinion qui s'enthousiasme pour la victoire d'Obama doit savoir qu'en France un "phénomène Obama" est probablement impossible faute de moyens financiers légaux, transparents en dehors de toute formation politique. Est-ce là une "avancée" démocratique ?
Enfin, il y a la question de l'enrichissement personnel. C'est ce volet qui mérite la mise en place de dispositifs au-dessus de tout soupçon. La France sur ce volet n'a rien réglé. Il lui faut d'abord définir ce qu'est l'enrichissement personnel. Il lui faut ensuite mettre en oeuvre des procédures préventives, généralisées, en dehors de la moindre suspicion de sélectivité sous l'autorité de juges indépendants, sortes de procureurs généraux incorruptibles donc protégés dans leur carrière par des mécanismes impersonnels.
Quelle démocratie peut se satisfaire de poursuites d'anciens responsables qui ne peuvent qu'humainement mériter la paisibilité de "vieux jours" ?
Quel responsable politique aura le courage pour la première fois de tenir un langage de raison et de vérité à l'opinion pour que des nuances soient apportées et que des solutions permettent de mettre un terme à des procédures sans fin ?
Les négociations pour libérer des otages ne se font pas "en gants blancs" ni dans un "film à la Bruce Willis".
Une opinion majeure a droit à la vérité mais à toute la vérité même quand elle peut ne pas lui faire plaisir.
Pendant combien de temps encore, l'opinion Française préférera-t-elle le mensonge pour laisser croire que des "beaux principes" sont toujours respectés alors que ce n'est pas le cas ?
Le délit le plus grave n'est-il pas celui du mensonge car il est le marqueur le plus élevé du mépris des citoyens ?