Ségolène Royal et la haine de la France
Ségolène Royal a pris le virage indispensable pour combattre une "culture de haine de la France" désormais rejetée par une très large majorité des Français.
La France a porté des valeurs universelles qui ont constitué des références fondamentales dans le monde entier.
Ainsi, la révolution de 1789 a véhiculé des idéaux dont la portée internationale est incontestable.
La révolution de 1789 a inauguré la res publica, cette révolution conceptuelle selon laquelle la politique est chose publique, partagée.
Cette révolution a aussi porté des valeurs d'individualisme et d'optimisme progressiste.
Elle a affirmé la primauté de l'individu sur toute autre réalité sociale.
Elle a proclamé des droits de l'homme qui sont encore à ce jour notre culture politique dominante dont les divergences portent sur les conditions de réalisation mais non pas sur l'existence même de telle ou telle valeur de Liberté, d'Egalité, de Fraternité, de Sécurité.
Si cet héritage reste donc d'actualité, il ne faut pas pour autant se cacher les aménagements majeurs déjà opérés ou à opérer.
Sur le plan international, la voix de la France n'est plus ce qu'elle a été. Les rapports de forces économiques ont considérablement modifié les enjeux de valeurs d'antan. C'est par l'Europe que la France peut conserver une expression internationale forte.
Sur le plan intérieur, notre Pays doit retrouver un modèle porteur d'espoir pour chacun.
Ce modèle doit s'exprimer en actes.
Des promesses ont trop souvent été faites puis laissées sans lendemain.
Il est temps d'agir. Agir en moyens, en hommes et en équipements.
Il est temps de rapprocher les paroles et les actes, les actes symboliques et l'exécution quotidienne des décisions majeures.
C'est la seule façon de donner un sens réaliste au monde moderne.
Ce monde moderne sera un monde neuf que le passé ne permet ni de prévoir ni de garantir. Cela ne signifie pas que nous n'ayons aucune boussole pour nous guider.
Cela signifie seulement que la modernité imprime son propre sens et que si le passé doit être respecté, il ne peut être question de s'y réfugier ni pour le réécrire ni pour le magnifier.
Pour affronter cette modernité, le principal enseignement qui doit être celui du passé, c'est qu'à chaque nouvelle époque nous devons redéfinir la conception même du Gouvernement. C'est un immense chantier. Le passé nous apprend en effet qu'à chaque époque naissent des exigences nouvelles.
Si la période présente est parfois difficile à vivre c'est qu'il existe un déficit politique auquel les peuples sont très sensibles. Il y a aujourd'hui une sorte de vertige de la page blanche.
Après les années 1950, pour des raisons diverses, le PS a souvent culpabilisé le proche passé de la France dont les périodes de collaboration et de colonisation.
Ces périodes ont probablement été tellement en rupture avec les périodes glorieuses d'antan que les Français ont souvent cultivé une forme de "haine" de la France.
L'originalité de la campagne de Ségolène Royal en 2007 a été de prendre ses distances avec cette "culture". Ces dernières semaines, Nicolas Sarkozy est à la manoeuvre sur des bases classiques :
- sondage pour tester l'initiative,
- lancement de l'initiative,
- laisser le PS partir à découvert pour contrer l'initiative présidentielle,
- publier un sondage montrant que les français partagent l'initiative du président et contrent le PS.
Si le PS ne corrige pas ses positions sur les thèmes de l'identité et de l'ordre public, il se coupera d'une part déterminante de l'électorat populaire. C'est la force de Ségolène Royal et sa singularité que de se démarquer de ce clivage culturel qui est une rente de situation pour la majorité présidentielle.
Actualité : 1er anniversaire de la victoire de Barack Obama : pour lire la synthèse grâce au lien suivant : : aprèsObama2008