Delphine Batho et la revanche de l'opinion

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La Députée socialiste tient ferme sur les sondages de l'Elysée. La constitution d'une commission d'enquête est encore loin d'être réellement acquise.

Les enjeux du dossier des sondages de l'Elysée sont pour l'essentiel au nombre de 5 :

1) des distorsions existent-elles entre le "prix du marché" et la facturation lors des "contrats" avec l'Elysée ? Si oui pour quelles proportions ?

2) la chaîne d'utilisation des sondages : des enquêtes payées par l'Elysée sont-elles exploitées par des tiers notamment journalistiques et sur quelles bases tarifaires ?

3) les enquêtes payées par l'Elysée sont-elles la face apparente du dispositif qui, au cumulé, pourrait représenter un montant de combien en ajoutant les différents postes budgétaires ministériels affectés à ce type d'opérations ?

4) au-delà des seuls chiffres, c'est le doute que la députée socialiste entend jeter sur la "spontaneité" et donc l'authenticité des positions présidentielles qui est l'enjeu politique majeur à terme. Ce quatrième enjeu est plus délicat. C'est pourtant la première étape vers la dénonciation d'un "système de gouvernance par les sondages",

5) le dernier enjeu relève de la règlementation des financements politiques. Ce volet, toujours non réglé sérieusement dans la vie politique française, apporte un fossé croissant avec le calendrier électoral national qui, pour l'instant du moins, adosse l'élection des députés à celle du président. Le cumul des moyens de l'exécutif avec ceux du financement public des partis creuse un fossé entre les moyens financiers de la majorité présidentielle et ceux de l'opposition.

Seuls ces deux derniers enjeux sont importants à terme.

Pour le reste, la technique d'utilisation des sondages est désormais connue sur des bases systémiques simples :
- enquête avant la décision,
- cette enquête permet de valider le projet de décision,
- le PS généralement s'oppose à une des décisions projetées,
- les médias procèdent alors à la diffusion d'une enquête post-annonce qui montre que l'opinion désavoue le PS et qu'elle est d'accord avec la proposition présidentielle.

Ce mode opératoire présente plusieurs avantages pour la majorité présidentielle :
- il accentue l'idée que le président est en phase avec l'opinion car cette dernière imagine la proposition initiale comme un dispositif spontané,
- il accentue la "ringardise" du PS toujours en porte à faux avec l'opinion.

Pour autant, avec un tel procédé, la vie politique Française reste très en retrait de l'utilisation faite à l'étranger des sondages.



  • Publié le 10 novembre 2009

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