François Fillon face au pessimisme généralisé
François Fillon doit donner de la vitamine à des troupes et à une opinion tombés dans la déprime.
La notion de crise est familière à la nature humaine. Tout notre fonctionnement collectif vise à prévenir les crises, les circonscrire, les maîtriser, les surmonter.
Ce sont des périodes où l'ordinaire cède le pas à l'exceptionnel.
Mais depuis quelques mois, c'est l'état de crise qui est devenu ordinaire sans perspective de sortie comme l'atteste le sondage BVA publié ce jour (64 % des Français ne croient pas à une sortie de crise).
La vraie crise est d'abord celle d'une fracture entre les élites politiques et la vie quotidienne d'une majorité de l'opinion.
Il suffit d'entendre les discours des uns et des autres pour juger de l'ampleur du fossé.
La vraie crise est là.
Cette gravité se manifeste par la répétition des crises au point qu'on attend toujours la prochaine tant les sujets sont désormais nombreux et importants :
- financière avec le poids de la dette publique que l'opinion intègre désormais comme le prochain rendez-vous incontournable,
- économique avec une installation de la précarité et d'une réelle paupérisation,
- sociale avec le dossier des retraites sans cesse repoussé,
- de représentation politique avec des partis de contestations qui progressent,
- internationale avec une économie toujours très fragilisée,
...
Toutes ces formes de crises reposent sur une crise plus grave qui est celle de la représentation politique qui connaît depuis 30 ans une crise permanente qui s'est dangereusement amplifiée :
- crise de la participation avec une poussée significative des abstentions,
- perte de crédibilité du Parlement sans vrai pouvoir,
- crise des partis politiques qui ne recrutent plus,
- banalisation des scandales avec un sentiment croissant d'irresponsabilité,
- érosion considérable de la vraie assiette politique de chaque pouvoir qui au 1er tour représente désormais moins d'un cinquième des suffrages exprimés,
- une présidentialisation du régime conduisant à une concentration considérable des pouvoirs mais sans contrôle.
La France ne peut plus ignorer durablement ces réalités. La IV ème République est morte de l'instabilité gouvernementale. Les Institutions de la Vème République furent alors présentées comme " l'action dans la démocratie ". Qui peut encore parler d'action mais surtout qui peut parler de "démocratie" tant le fait majoritaire a changé la donne ?
C'est bien une crise de régime qui est désormais traversée par notre pays. C'est cette réalité qui angoisse parce qu'elle dénote l'ampleur des réformes incontournables et particulièrement difficiles.