Emmanuel Todd et les habits neufs de 1995
Quelques jours avant la parution de l'entretien d'Emmanuel Todd dans le quotidien Le Monde, nous avions annoncé le "retour en forme" de sa grille d'analyse (voir article du 23/12/09 sur "Ségolène Royal et la victoire interdite"). Le paysage politique devrait connaître un double choc : la crise politique des régionales et la crise sociale larvée ou brutale du printemps 2010.
Le lendemain d'un scrutin, le pouvoir ne se réveille jamais comme la veille.
Il faut compter avec l'énoncé de plus en plus probable des régions conservées par la gauche avec de surcroît une poussée du FN.
Ce paysage politique va ouvrir la pré-présidentielle 2012 dans un climat de sanction, donc de rejet de la première moitié du mandat présidentiel.
Avec une croissance de moins de 2 %, le chômage augmente sensiblement. Le cortège des liquidations judiciaires bat des records en décembre 2009.
Or, face à cette double réalité, le pouvoir ne semble pas être mobilisé. Les accords politiques apparaissent des manoeuvres. L'élite politique perd son crédit. La moindre dépense publique devient suspecte. Nicolas Sarkozy va traverser une période très délicate car il n'a pas de fusible et il incarne presque à l'excès le pouvoir qui cultive la réussite.
La réussite est aimée lorsqu'elle est accessible et partagée. Elle devient destestée lorsqu'elle est hors de portée. Dans ce cadre, le sentiment vengeur populaire nait. Jusqu'où ira-t-il ? Ce qui est sûr, c'est que le printemps 2010 s'annonce à très gros risques.
Les habits neufs de 1995 peuvent contenir des formes plus radicales en 2010. C'est là toute l'inquiétude.