François Bayrou et les régionales de tous les dangers
François Bayrou peut tout craindre des régionales et de leur bipolarisation. A ce jour, ces régionales s'annoncent comme la victoire des Verts et du FN au premier tour. Puis celle du PS au second tour mais le Modem dans ce paysage ? Comment reprendre la main ?
Dès le lendemain des régionales de mars 2010, la présidentielle 2012 va démarrer.
Ce constat montre que ce scrutin d'étape comporte autant d'enjeux que de participants importants.
Pour la majorité présidentielle, l'enjeu est la victoire perçue. Lors des Européennes de juin 2009, cette victoire perçue a été obtenue par la place de premier parti de France. Lors des régionales, l'UMP entend comparer le nombre de régions détenues par le PS avant mars 2010 et le nombre de régions détenues par le PS après mars 2010.
Cette grille de lecture peut paraître un peu simpliste compte tenu de la razzia de 2004 pour le PS. Si bien qu'il importe d'enfoncer le clou par des conquêtes symboliques à l'exemple des régions Ile de France, PACA ou Rhône-Alpes.
Dans ce cas, le message serait simple : la majorité présidentielle a gagné les "scrutins intermédiaires" montrant l'assentiment des Français en faveur des réformes conduites.
Pour le Modem, il faut retrouver le chemin de la victoire. Là est le problème. Il est difficile, voire impossible de trouver une région qui puisse être gagnée par le Modem au sens où l'un de ses représentants accéderait à la Présidence de région.
Dans ces conditions, les régionales 2010 sont une étape difficile pour le Modem qui va devoir choisir ses alliances de second tour et paraître comme un partenaire satellite du PS très probablement.
Si le Modem prend le risque de se compter au premier tour, il va vivre la concurrence directe des Verts le plaçant peut-être comme second pôle de partenariat après les Verts.
Pour les Verts, l'enjeu est de conforter le score de juin 2009 ; ce qui est loin d'être évident.
Le choix de listes indépendantes au premier tour est positif, risqué et très incertain à terme.
C'est un choix positif, parce qu'il va permettre de déterminer la réalité du poids de l'écologie dans un scrutin à part entière. Bon nombre d'observateurs ont contesté le caractère durable du score de juin car :
- le film Home diffusé le vendredi soir a dopé le vote pro-Verts dans des conditions considérables,
- ce d'autant plus que le scrutin européen est un "scrutin sans enjeu" et s'offre donc à des "témoignages divers". Combien de listes ont pu compter sur des votes purement ponctuels sans lendemain à l'exemple notamment du MPF ...?,
- le trio de la liste était un casting performant de communicants réunissant le rebelle-bobo, la juge anti-puissants et l'Astérix des champs. Demain, ce n'est plus un trio qu'il faut trouver mais un casting de 22 têtes régionales de listes : c'est un autre défi.
Le côté positif de ce choix, c'est qu'il va permettre dans la clarté d'établir la pesée politique de l'écologie en France.
A court terme, il peut priver le PS du seuil du premier tour qui ouvre la dynamique de la victoire. Il complique la composition des listes avec le Modem (faut-il qu'à son tour le Modem se compte au 1er tour ?). .
En ce qui concerne le PS, chaque Présidence sortante va conduire la campagne supposée la plus efficace localement. Le PS devrait être mis entre parenthèse pour "renaître" au lendemain des régionales avec un état de santé qui dépendra des scores cumulés.
Il reste le Front de Gauche et le Front National. Le premier devrait se fondre dans des listes d'union dès le premier tour pour ne pas prendre le risque de scores trop étriqués. Quant au second, les circonstances pourraient être la rampe de lancement de la pré-présidentielle de Marine Le Pen. En réalité, les régionales apparaissent comme un tour qualificatif pour les conditions de lancement de la présidentielle 2012.
C'est là tout le défi pour François Bayrou : rester dans la course en dissociant ses perspectives personnelles de la réalité politique du Modem.