L'UMP et l'ouverture
Les dernières nominations présidentielles vont poser la question de fond : la fonction même de l'ouverture. L'UMP est-elle privée de talents au point de devoir les chercher en permanence au PS ou est-ce un autre enjeu ?
L'ouverture peut se définir comme l'adhésion largement répandue dans un groupe social à un ensemble de valeurs relatives aux modalités de la vie en collectivité.
La cohabitation aurait pu initialement créer ce climat. L'idée que des forces politiques opposées pouvaient s'entendre pour conduire une politique commune sur des enjeux majeurs.
Mais la cohabitation s'est vite éloignée de cette attente pour être perçue comme une situation de blocage ou de marchandages généralisés. Au début des années 2000, la cohabitation a donc eu " mauvaise presse ".
En réalité, si l'ouverture existe déjà dans la vie politique française, c'est d'abord l'union du refus. Là il s'agirait de passer à une union pour affronter le futur. C'est une autre perspective.
Deux catégories d'unions doivent être distinguées :
- L'union-unanimité,
- L'union-contrat.
Le premier cas paraît difficilement concevable en dehors de périodes de crises particulièrement graves.
En revanche, l'union-contrat peut trouver des applications modernes intéressantes en " période ordinaire ".
De quoi est-il alors question ?
L'union n'abolit pas les différences. Mais ces différences deviennent compatibles avec un contrat commun.
Ce contrat commun est alors supposé neutraliser des comportements qui " gênent " la vie politique à l'exemple des comportements suivants :
- les partis politiques campent sur des positions historiques déconnectées des enjeux modernes,
- ils utilisent des affrontements à des fins purement électorales et oublient leur fonction de pédagogie démocratique,
ils poussent à l'intolérance et aux divisions parfois artificielles.
Bref, derrière cette approche d'union-contrat, il y a le sentiment que les partis politiques doivent cesser de ne penser qu'à la victoire ou à la revanche électorale pour s'occuper davantage du pays, de ses vrais défis, de l'avenir.
Des pays voisins ont beaucoup progressé dans cette voie. La Grande Bretagne pour lutter contre des formes de séparatismes. Plus dernièrement, l'Allemagne pour sortir d'une crise politique durable liée à la difficulté de dégager une majorité franche.
La France est peu habituée à cette approche. Sa vie politique est peu tolérante. Le réflexe contestataire est très vif. Les corps intermédiaires sont des défenseurs traditionnels de la sécurité et des acquis.
Les cyniques disent volontiers que le monde moderne c'est l'affrontement permanent des imbéciles organisés contre les intelligents inorganisés. Est-il impossible aux " intelligents " de s'organiser ?
Est-ce une organisation de ce type qu'annonce l'actuelle ouverture ?
Il va falloir juger sur des actes pour considérer que cette ouverture dépasse des seules personnalités.