Dominique de Villepin et le retour de l'Etat
Avec Brigitte Girardin à la tête du Club Villepin, Dominique de Villepin est en train de créer un style politique qui rencontre les nouvelles tendances fortes de l'opinion.
Face à la crise, l'Etat s'est avéré le seul cadre public le moins inadapté. Les Communes et les Départements sont trop nombreux. Les Régions ne sont peut-être pas encore assez structurées. Pour les Régions comme pour les nouvelles structures intercommunales, la réflexion sur le périmètre géographique pertinent n'a pas été engagée de façon suffisamment sérieuse et à l'abri de considérations politiques de court terme pour disposer de cadres territoriaux efficaces.
L'Etat est bien le dernier cadre territorial non discrédité par une impuissance manifeste.
Mais surtout, comme gestionnaire de son secteur d'interventions, l'Etat incarne des règles qui sont des refuges dans l'actuelle crise.
La fonction de régulation qui est propre au secteur public ne peut se ramener à des calculs de rentabilité ou à de simples diminutions de coûts qui seraient des symboles généralisés de réussite.
Un besoin d'Etat se manifeste de façon croissante.
Le retour de l'Etat, c'est d'abord le besoin d'une valeur refuge.
Pour la première fois à ce point, personne n'est sûr que demain sera meilleur qu'aujourd'hui. Mais encore bien davantage, l'avenir devient source d'anxiété car il ne contient aucune prévisibilité rassurante.
Chômage, garanties sociales menacées, sécurité financière plus précaireââ¬Â¦tous ces termes sont le miroir de détresses et d'impasses.
De détresses et d'impasses car les issues positives semblent systématiquement absentes.
C'est d'ailleurs une caractéristique inhabituelle que de chercher ainsi des solutions sans les trouver qu'elles viennent de l'économiste, du législateur, des intellectuelsââ¬Â¦.
Apparemment tout le monde sait bien quelles questions il convient de poser mais à chaque fois les réponses divergent.
Bien plus, les réponses semblent sans prise sur la réalité.
Chaque question en amène une nouvelle.
Chaque nouvelle question donne l'impression d'ouvrir un chantier gigantesque impossible à traiter. On a parfois envie de dire " arrêtez cette société, j'ai envie de débarquer. Comment a-t-il été possible d'en arriver là ? "
Dans ce contexte très particulier, l'Etat semble être l'ultime filet de sécurité.
C'est un retour de l'Etat qui appelle un nouveau style politique éloigné de toute démagogie, ancré sur une compétence technique mais pour autant proche de chacun.
C'est le créneau de Dominique de Villepin. Sa participation au salon de l'Agriculture s'est déroulée dans une ambiance faite de chaleur, de connaissance et de fierté.
La montée en puissance s'opère de façon solide sans précipitation. Une montée en puissance construite dans la cohérence et la sélectivité des actions. Dominique de Villepin et son Club présidé par Mme Girardin sont restés soigneusement à l'écart des régionales. La présidentielle, toute la présidentielle mais que la présidentielle. Un choix qui répond aux contraintes particulières des actuelles circonstances. Une réponse apportée dans le plus grand naturel sans calcul tactique ni savante communication. C'est cette rencontre simple et naturelle qui contruit l'actuelle force du phénomène Villepin.