François Bayrou et l'échec du neuf
Ce n'est pas tant le score du Modem qui fragilise François Bayrou que son incapacité à avoir fait naître une nouvelle génération de responsables publics lors de la dernière élection générale avant la présidentielle.
On ne naît pas responsable politique. On le devient. Rapidement, un mimétisme dégage ce qui est désormais perçu comme des " attributs " de la classe politique par opposition aux traits dominants de ceux qui n'appartiennent pas à cette " classe ".
Ces attributs touchent à l'apparence comme au contenu même de l'expression. L'apparence paraît toujours guidée par une attitude hautaine qui maintiendrait les intéressés au-dessus du commun. Le costume cravate avec des couleurs sombres est ainsi devenu une sorte d'uniforme trans-partis. Quant à l'expression, elle est fortement matinée d'intellectualisme littéraire quelle que soit d'ailleurs la formation initiale des intéressés.
Le plus étonnant, ce n'est pas tant l'existence de tels traits dominants mais l'attractivité d'un code de conduite adopté de façon caricaturale par ceux que pourtant leurs parcours initiaux avaient éloignés de tels comportements. Après l'entrée dans cette " classe politique " des femmes se déféminisent, même d'anciens ouvriers communistes s'approprient les critères du notable politique préalablement résumés.
Cette situation est aujourd'hui menacée par des signes annonciateurs d'éventuels changements profonds dont l'émergence d'une méfiance vis-à-vis du Pouvoir.
Les Verts tirent leur force de rester à l'écart de cette apparence du pouvoir. Ce pouvait être aussi le cas pour le Modem.
Les régionales pouvaient être un formidable rendez-vous pour que le Modem apparaisse comme le vote neuf, porteur d'une nouvelle génération, de nouvelles valeurs.
Cettte perspective s'est éloignée. Le Modem a été perçu comme un parti politique comme les autres, voire même encore plus divisé que les autres.
Davantage que le score, c'est cette image de marque là qui s'inscrira durablement au passif du Modem.