Dominique de Villepin et la campagne Obama
A l'approche de la création de son parti, Dominique de Villepin sera confronté à un enjeu stratégique majeur : un parti de plus ou un parti différent ?
Plusieurs repères montrent l'immensité des défis qui attendent Dominique de Villepin.
Une présidentielle Américaine, c'est en effet d'abord un voyage dans l'Amérique profonde pour rencontrer les citoyens dans un contact direct, physique, charnel.
Lors de la présidentielle, le citoyen devient un acteur très impliqué dans le processus de décision.
Dans ce contexte, intervient un second volet qui est celui du changement. Chaque présidentielle se joue sur ce thème depuis le "New Deal" de Roosevelt à "América is back" de Reagan en passant par la "Nouvelle Frontière" de Kennedy ou la moins célèbre "Grande Société" de Johnson.
La présidentielle est le révélateur et l'accélérateur du changement.
Ce sont ces deux critères qui ont rendu possible une percée comme celle de Barack Obama et qui la rendent nouvelle en France.
Là où le candidat Américain doit être le candidat du peuple, le candidat Français est traditionnellement d'abord celui de la "puissance publique".
La représentation du peuple semble réservée en France à des candidats protestataires, marginaux.
Parce qu'il est le représentant de la puissance publique, le candidat Français a dû vivre un long parcours d'exercice de responsabilités publiques. Ce parcours est une barrière structurante à l'éclosion immédiate de nouveaux talents. La vie politique Française suppose de s'endurcir sous le joug de l'expérience des responsabilités.
Seconde différence, une présidentielle Française n'est pas un voyage pour rencontrer les citoyens "au coin de la rue". Elle reste d'abord une relation avec des corps intermédiaires très bien organisés.
La "rencontre" avec les citoyens intervient soit lors de grands meetings qui ne permettent pas des contacts directs soit lors d'émissions télévisées qui reposent sur des échantillons filtrés avec une expression encadrée par des considérations formelles très contraignantes.
Enfin, l'ambiance n'est pas à l'optimisme du neuf mais à la défense des "droits acquis".
Pour toutes ces raisons, ce sont donc deux cultures totalement différentes, pour ne pas dire opposées, qui interviennent.
La France peut s'enthousiasmer pour Obama mais son cadre institutionnel comme sa culture politique se différencient profondément des campagnes électorales françaises.
Traditionnellement, les Américains votent pour une destinée, pour un spectacle, pour un gagnant.
La destinée, c'est l'assurance que le rêve est possible pour chacun.
Le spectacle, c'est le morceau dââ¬ËHistoire raconté par un cursus et par le sens perçu de la campagne.
Le gagnant, c'est celui qui devient d'abord le maître du temps de la campagne, qui pousse l'autre à la faute, qui réagit plus vite, qui incarne l'énergie qui doit donner demain une espérance pour chacun.
Sous cet angle, Barack Obama a remporté la présidentielle 2008 tant il a incarné ces valeurs essentielles.
Il a incarné le souffle du changement, celui de la rupture, du nouveau départ.
La vie politique Française est à ce jour entièrement verrouillée.
La transposition pure et simple parait difficile mais impossible. Loin d'une telle "méthode", ce qui parait le premier défi réside dans la définition de la "terre d'innovation".
Le succès de Dominique de Villepin sera probablement étroitement lié à cette capacité d'innovation. Un parti de plus le banaliserait. Un parti différent le boosterait. Reste à définir le contenu concret de cette "différence". Là est son premier défi.