Dominique de Villepin et la présidentielle sans précédent
Après que Brigitte Girardin ait pris soin de recadrer les informations pour éviter tout malentendu éventuel, c'est demain que Dominique de Villepin s'exprime pour annoncer probablement le lancement prochain de son parti dans des circonstances inhabituelles.
Les circonstances sont manifestement inhabituelles.
L'hyper-Président est usé, désavoué, critiqué de tous côtés.
Les Français sont fatigués, repliés sur eux-mêmes, désabusés.
La crise est bien installée. La question de "sortie de crise" est de moins en moins abordée à tel point d'ailleurs qu'il serait peut-être temps de se poser la question de savoir si une crise aussi "permanente" peut encore mériter le nom de ... crise ?
Ce contexte crée une présidentielle sans précédent.
1995 avait été la "course au peuple". Emmanuel Todd avait remarquablement identifié les nouvelles tendances fortes. Le divorce entre les élites et le peuple était né. La présidentielle 1995 allait le consommer. La course au peuple était ouverte et Jacques Chirac allait la gagner de façon brillante.
Edouard Balladur allait incarner jusqu'à la caricature "l'idéal" bourgeois conservateur tandis que Lionel Jospin allait demeurer prisonnier de son tempérament comme d'une partie de sa sociologie politique.
En 2012, la course ouverte pourrait être celle à l'individu. L'individu qui est en prise contre le système qui l'ignore et contre toutes les structures qui le cassent, le déshumanisent et parfois même l'humilient à l'exemple de l'actuel débat sur le surendettement.
2012 peut être la revanche de l'individu sur les structures, la revanche du solitaire sur les puissants organisés. Dimanche soir, le discours de Ségolène Royal esquissait cette approche, elle qui est une remarquable détectrice de tendances...
Dans cet environnement, Dominique de Villepin organise sa candidature de citoyen comme les autres ni au pouvoir ni à la tête d'un parti classique. Il peut déjà compter sur le Club Villepin très efficacement organisé par Brigitte Girardin. C'est le seul collectif sans division interne comme si ce club ne pouvait pas s'offrir le luxe des querelles intestines.
Bien au-delà de ce réflexe d'efficacité primaire de ceux qui ont dû initialement compter sur la première force des faibles qu'est l'union interne dans l'adversité, c'est surtout le constat que désormais Dominique de Villepin n'est plus diviseur mais recours.
Il est un recours qui rassemble comme l'indique la diversité des adhésions au Club Villepin. Un recours qui préserve l'espoir devenu une qualité si peu partagée.
Il avance sur ce parcours avec une réelle singularité comme le montrent l'organisation de ses séquences temps sur le terrain mais aussi l'économie de ses apparitions.
A la présidentielle sans précédent comparable semble de plus en plus correspondre le candidat sans précédent comparable.
NB : Dominique de Villepin est jeudi à 11 heures l'invité du Press Club et le soir à 19 heures l'invité du Grand Journal de Canal +.