Dominique de Villepin et les vrais dangers
Brigitte Girardin, Présidente du Club Villepin et Dominique de Villepin ouvrent une séquence temps décisive : le lancement d'un parti politique. Mais quel parti, pour quoi faire ?
Il y a des paroles justes qui sonnent pourtant faux.
Elles sonnent faux parce que l'opinion évolue immédiatement vers une analyse différente de la version exprimée.
La journée d'hier a montré les arbitrages qui sont rapidement incontournables pour Dominique de Villepin et pour son Club. C'est une journée qui a mis en relief les véritables dangers de leur démarche.
1er danger : Nicolas Sarkozy : la candidature de Dominique de Villepin doit être pour les Français et non pas contre Nicolas Sarkozy. Tout ce qui ne va pas en France actuellement est connu ou du moins ressenti, sinon comment comprendre le 21 mars ? Ce qui compte c'est d'identifier ce qui va aller mieux, quand et comment faire. Dominique de Villepin devrait probablement faire comme si Nicolas Sarkozy n'existait plus sauf pour terminer le calendrier de son unique mandat. L'essentiel pour l'opinion c'est déjà demain.
2ème danger : le timing de la candidature : pour l'opinion publique, Dominique de Villepin est candidat pour 2012. C'est fait. C'est décidé. Si Dominique de Villepin "refuse d'avouer cette évidence", c'est qu'il manoeuvre. S'il manoeuvre, c'est qu'il est "comme les autres". Or l'opinion veut un candidat qui ne soit plus comme les autres dans son rapport à la vérité, donc à la vérite sur ses propres intentions. Dès qu'il est perçu comme les autres, pourquoi ne pas garder simplement ceux que l'on connait déjà ?
3ème danger : le socle de la candidature. La question n'est pas de diviser. Une candidature divise toujours. Mais la candidature doit être utile. Utile aux citoyens d'abord en leur permettant de disposer d'une nouvelle offre qui puisse changer leur vie quotidienne. Qui peut les priver de ce choix et à quel titre ? L'argument consistant à proposer "de l'intérieur" est peu réceptible par l'opinion. Là encore, pour l'opinion, Nicolas Sarkozy "n'écoute pas les siens". Comment pourrait-il écouter un "ennemi manifeste" qui, de surcroît, serait supposé "lui vouloir du bien"? Pourquoi un leader ayant un tempérament de Chef d'Etat pourrait-il s'assigner une tâche perdue d'avance ? Là encore s'agit-il d'une improbable "absence de lucidité" ou d'une "opération tactique" ?
Comme ces exemples pratiques le montrent, le premier "faux ami" pour Dominique de Villepin c'est donc de faire "comme hier et comme les autres".
Il a devant lui un défi hors du commun, une "première". Il gagnera par des procédures hors du commun dont un rapport nouveau à la vérité et à l'innovation.
L'opinion a d'abord soif de vérité. Sans vérité, elle se considère manipulée donc elle ne veut plus participer.
Le premier candidat qui montrera qu'il respecte la vérité bénéficiera d'un bonus important.
L'opinion a besoin de neuf. L'ancien ne marche pas. Donc il faut "autre chose".
La définition de ces rapports avec la vérité et avec l'innovation occupera une place décisive pour 2012.