Ségolène Royal et la Sarkoverdose
La leader socialiste semble convaincue que l'exposition permanente accélère l'usure. Or la bataille pour 2012 reste un marathon qui ne permet pas les départs trop rapides ; d'où son actuelle économie d'apparitions dans les médias.
Depuis 1962, la communication présidentielle habituelle reposait sur trois socles :
- montrer qu'il y a un Etat incarné par le seul élu au suffrage universel direct lorsque la France constitue une seule et unique circonscription,
- montrer que cet Etat a un Chef,
- montrer que ce Chef exerce le pouvoir " suprême " dans toute l'étendue de ses pouvoirs juridiques et surtout de l'esprit du vote qui a fait son élection.
Face à ce socle, à compter de l'été 2007, Nicolas Sarkozy a apporté plusieurs ruptures.
Il s'est éloigné d'une attitude gaullienne en se sur-exposant dans une logique de présidentialisation sans précédent.
Il a accéléré le temps politique au point de faire perdre tout repère pour l'opinion.
Enfin, il a surpris, voire choqué, des segments importants de son électorat y compris sur des volets privés inattendus.
D'arbitre actif, avec lui le Président était devenu un capitaine omniprésent mouillant la chemise sur tous les côtés du stade et continuant à s'exposer y compris dans les vestiaires.
L'opinion n'a pas suivi.
Elle s'est éloignée et a sanctionné cette évolution au moyen des élections intermédiaires qui ont été une sanction brutale du nouveau pouvoir présidentiel.
Face à ce nouveau contexte, Ségolène Royal semble choisir l'anti-thèse pour bien se dissocier et se distinguer.
Hier, comme candidat puis même comme pouvoir, chaque message de Nicolas Sarkozy était un cri comme appel au changement. Aujourd'hui, chaque message de Ségolène Royal doit être une proposition concrète solide qui inspire confiance.
Le Président vit dans la "fiction du demain". Aujourd'hui Ségolène Royal s'inscrit dans la réalité de la proximité dans le temps comme dans la géographie. L'action rapide quasi-immédiate doit être son message.
Nicolas Sarkozy vend du bruit. Aujourd'hui, Ségolène Royal vend du silence. Il lui faut gérer la rareté pour éviter notamment le risque de la banalisation et de l'usure.
Pratiquement, hier, c'était beaucoup d'images avec beaucoup de mots. Aujourd'hui, ce doit être peu d'images et encore moins de mots. Mais des images qui portent un message fort créant un climat de sympathie, de confiance, de sincérité, d'union.
Ce sont trois changements majeurs qui imposent un nouveau style, une nouvelle communication.
Cette étape prépare un retour sur des bases différentes.
Ségolène Royal semble considérer que la rareté est de retour comme marqueur de qualité.