Daniel Cohn-Bendit et le parler vert
Daniel Cohn-Bendit devient-il le JP Coffe de la politique maniant la colère au quart de tour ?
La question des déficits publics devient l'un des nouveaux sujets du "parler vert" qui fait la force de Daniel Cohn-Bendit : une grosse dose de parler vrai avec un zest de colère en plus.
Un sujet sur lequel le leader écologiste devrait rencontrer l'adhésion de l'opinion.
Les déficits publics sont désormais une question durablement installée au centre de la vie politique.
L'opinion a conscience que ce dossier très important a été traité comme le reste : dans l'urgence sans effectuer la pédagogie nécessaire pour exposer les avantages et les inconvénients de chaque variante.
C'est la caractéristique de l'actuelle politique présidentielle : un brouillon généralisé où tout est plié sans débat, de la réforme qui naît à celle qui est repoussée en passant par celle qui devient secondaire après avoir été le grand enjeu du mandat ...
L'opinion a le droit de connaître les réponses à 5 questions techniques majeures :
1) Pourquoi la Grèce laxiste pendant des décennies deviendrait-elle vertueuse du jour au lendemain ? Est-ce culturellement possible ? Est-ce techniquement possible ?
2) Est-ce possible que la Grèce, en pleine période de crise économique, fasse fondre sa dette publique en quelques années quand un pays comme la France est parvenu à réduire son endettement de 0, 7 % par an dans le meilleur des cas et en période de pleine croissance économique ?
Par conséquent, l'objectif assigné à la Grèce est-il réaliste ?
3) Quel est le niveau d'exposition des banques françaises dans la dette grecque : quelles banques pour quels montants ? Derrière l'intervention française en faveur de la Grèce, n'est-ce pas de fait un plan de sauvetage de plus des banques françaises ?
4) Quelles sont les garanties que la Grèce va rembourser ? Quels sont les indicateurs de risque de non-remboursement ?
5) Pourquoi cette voie technique est-elle choisie, face à quelles autres voies dont celle de la sortie de l'euro pour la Grèce ?
Si le Gouvernement acceptait de s'expliquer pour montrer l'examen transparent comparé qui a été le sien, l'opinion accepterait mieux la décision qui a été prise.
Là, une fois de plus, chacun a le sentiment, à tort ou à raison, qu'une pensée unique est installée, mise en oeuvre de façon implacable alors même qu'il y a des réalités qui méritent des réponses sérieuses.
C'est ce refus des réalités qui casse la confiance. Il s'agit d'argent public et les contribuables ont droit aux explications nécessaires. C'est la considération élémentaire qui doit leur être témoignée. Ce mépris est l'un des facteurs de l'impopularité historique de Nicolas Sarkozy dont tout rebond paraît de moins en moins probable tant le fossé des incompréhensions est manifestement creusé entre l'opinion et lui.