Ségolène Royal et la colère populaire
Ségolène Royal s'engage-t-elle sur le chemin de l'expression des colères populaires pour dénoncer les effets de crise intolérables ? La question se pose face à ses déclarations les plus récentes sur les retraites comme sur Heuliez.
Quand la crise gagne en densité, l'opinion perd en nuances.
Il y a alors deux groupes :
- les acteurs de la crise : auteurs, bénéficiaires supposés, chercheurs de solutions ...
- les victimes de la crise.
Cette logique binaire est redoutable.
Les partis protestataires gagnent en popularité ponctuelle mais l'opinion salue alors surtout leur expression "extrême" sans être dupe du réalisme d'application.
D'ordinaire, à côté des protestaires "classiques", il y a toujours place pour une expression plus modérée qui choisit le refus.
Est-ce la voix choisie par Ségolène Royal ?
C'est une voix originale, délicate mais intéressante.
Elle est originale, car elle sort des chemins habituels des méthodes des partis dits de Gouvernement qui progressivement à force de tenter d'expliquer, de rassurer, deviennent souvent des "compagnons de la crise" et paient lourdement ce parcours "solidaire" paradoxal.
Elle est délicate, car cette posture intermédiaire pêche des deux côtés. Elle peut paraître comme manquant de raison pour les uns et comme dépourvue de radicalisation pour d'autres.
Mais elle est intéressante parce qu'elle anticipe le niveau d'exaspération de l'opinion. Si la crise est sévère, l'opinion cherchera à se "venger". Cette expression à l'écart de toute gestion de la crise peut être alors un refuge.