Dominique de Villepin et la société du malaise
Alors que Brigitte Girardin, Secrétaire Générale de République Solidaire, active l'installation des groupes de travail à l'exemple de la réunion dès ce mardi du groupe animé par le Député Daniel Garrigue, il importe de suivre avec la plus grande attention les prochaines prises de position de l'ancien Premier Ministre au moment où l'UMP travaille à la redéfinition de ses concepts pour 2012.
Sous des termes souvent compliqués, il semble bien que le tournant pour les propositions 2012 soit engagé au niveau des principaux présidentiables.
Pour le parti présidentiel sortant, le salut serait désormais dans la "nudge attitude". Cette doctrine vise à mettre en scène des choix plutôt qu'à ordonner des comportements.
Un exemple précis est souvent donné comme un succès exemplaire : la mouche dans les urinoirs. La bataille pour la propreté est quasi-généralement perdue dans ces lieux. Mais dans certains urinoirs pour hommes, une mouche a été gravée dans les urinoirs. Les hommes préoccupés à la viser respectent alors automatiquement la préoccupation de propreté sans même se poser la question.
Le mot "nudge" vient de "to nudge" : pousser quelqu'un du coude.
Cette logique de l'économie comportementale devient à la mode. La politique ne résiderait plus tant dans la mesure que dans la mise en scène des choix. Les conservateurs britanniques auraient contruit leur programme 2010 sur cette logique ; d'où la mission qui aurait été dernièrement dépêchée à Londres par l'UMP.
Cette culture trancherait brutalement avec l'interventionnisme énergique du programme 2007 et serait supposée réconcilier un Président "plus doux et cool" et une société plus mature avide d'autonomie.
La gauche quant à elle peine à trouver le visage moderne de sa valeur ajoutée. Sa compétitivité pour 2012 passe par deux mutations dans des domaines prioritaires : l'argent public et l'ordre public. Traditionnellement, la gauche Française vit sur une culture de la dépense publique. L'opinion est en avance sur elle et ne permettra plus la fuite en avant qu'elle sait désormais impossible. Il en est de même pour l'ordre public. L'aspiration à la sécurité n'autorise plus le laxisme habituel. La performance de la gauche pour 2012 réside dans sa capacité à trouver des actes neufs dans ces deux domaines. Ils se font attendre pour l'instant.
Pour Dominique de Villepin, seul présidentiable à bénéficier d'une progression sensible constante, l'examen de ses dernières interventions comme l'analyse de son discours fondateur du 19 juin semblent le conduire à occuper deux territoires nouveaux :
- l'approche holistique,
- la poléthique.
L'approche holistique s'oppose aux segmentations habituelles pour considérer que toutes les dimensions interagissent. Par conséquent, ce sont des réponses globales qui permettent de résoudre des difficultés sectorielles. L'effort doit donc être porté sur le message global. L'insécurité est alors autant une question culturelle, sociale, d'éducation ... que de moyens d'interventions d'ordre public. De surcroît en période de crise, c'est la poléthique qui doit succéder à la politique. La poléthique c'est l'appel à de nouveaux principes de gouvernance publique qui, par leur valeur d'exemple, peuvent dissiper ce climat généralisé de malaise.
Un climat qui revêt deux aspects : tout est pénible à subir et tout est malaisé à faire.
Ces deux considérations sont à la fois facteurs et conséquences de sa logique de rassemblement dépassant les clivages partisans habituels pour positionner son appel dans la relation directe à la nouvelle citoyenneté qui est l'incarnation même de cette approche globale.
Ces approches exploratoires montrent, si besoin était, que contrairement à certains commentaires actuels, les campagnes 2012 devraient bien s'ancrer dans des démarches de fond très différentes les unes des autres bien au-delà des seules divergences déjà profondes des tempéraments en présence.
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