Brigitte Girardin et le choix de la base
La Secrétaire Générale de République Solidaire prépare la première rentrée politique du Mouvement de Dominique de Villepin. A quelques jours du premier déplacement en région, ce Mouvement semble effectuer le choix de la base pour incarner une nouvelle vitalité de l'engagement civique, pour préparer un véritable printemps républicain.
Progressivement, la stratégie du plus jeune Mouvement politique Français prend corps.
L'axe prioritaire semble être d'occuper deux terrains privilégiés : le sens et la nouvelle citoyenneté.
2012 sera d'abord une bataille de sens : qu'est ce qu'une communauté nationale moderne ? Existe-t-il encore un modèle Français ? Les fonctions du politique dont la place de la Présidence de la République dans le nouvel équilibre des pouvoirs ? ...
Par sa rentrée, Dominique de Villepin a d'abord voulu montrer que la fonction du Chef d'Etat c'est d'être la conscience d'un Etat rassembleur, tolérant, non manipulateur à des fins électorales. Ce message est passé par l'écrit avant de faire l'objet de commentaires plus précis de la part de l'auteur de la tribune dans Le Monde.
La seconde priorité semble résider dans la définition du contenu de la nouvelle citoyenneté. Pendant l'été, Brigitte Girardin a étoffé les équipes qui composent l'organisation de ce Mouvement. Elle a rempli cette étape avec un large dispositif de délégation qui a rencontré une adhésion forte de personnalités qui viennent souvent pour la première fois dans une organisation politique parce qu'elle n'est pas "comme les autres".
Face à cette réalité, les sondages donnent la photographie de l'instant, celle qui justement n'a pas encore eu le temps de rendre compte des forces naissantes.
Des sondages qui, depuis 1995, ont d'ailleurs toujours peu anticipé la réalité de la "dernière ligne droite".
Ainsi, à Bondy, le 30 janvier 1995, Philippe Seguin montait à la tribune et avec sa force habituelle, il tonnait ses arguments :
"Arrêtez donc de croire qu'il va y avoir une élection présidentielle." Et il ajoute : "Le vainqueur a déjà été désigné. Proclamé. Fêté. Encensé. Adulé. Il est élu. Il n'y a pas à le choisir, il y a à le célébrer. Ça n'est plus la peine de vous déranger. Circulez, y a rien à voir."
C'est presque l'ambiance actuelle...
Le Président sortant gagnera le premier tour. Puis au second tour, la gauche subira ses divisions classiques avec l'indiscipline inaltérable des écologistes et de l'extrême gauche. Le centre droit sera épouvanté par la "dame des 35 heures" comme l'extrême gauche aurait été épouvantée par le représentant de l'establishment financier qu'est DSK.
Pour les autres, la victoire serait ... interdite !
Le Président va montrer tout son savoir faire de candidat. Il va renouer avec le peuple et fera sa campagne sur le thème "allez Nicolas" comme Balladur condescendait à être surnommé "doudou" avant de monter sur une table pour "faire peuple" en ayant même osé lever le doigt lors d'un folkorique épisode d'auto-stop.
Pour la présidentielle de 1995, les sondages n'ont pas vu arriver la victoire de Chirac avant ... février 1995.
Pour la présidentielle de 2001, ils n'ont pas vu arriver le second tour avec Le Pen. Même le 3 mai 2001, BVA (pour Paris Match) pronostiquait Jospin vainqueur de Chirac par 52 / 48 au second tour qu'il ne vivra ... jamais.
Pour la présidentielle 2007, la désignation de Ségolène Royal fut longtemps considérée comme impossible.
En 1995, l'offre nouvelle sur la "fracture sociale" avait redistribué la donne. Si 2012 devait être sur le thème de la "fracture civique", une redistribution identique ne saurait être exclue ...
Derrière les actuels débats, le tronc commun réside dans la redéfinition du rapport entre l'individu et la société, depuis le respect des règles jusqu'aux modalités des contributions y compris fiscales en passant par la définition des nouveaux processus de décisions pour que ces dernières sortent du dilemne "ça passe ou ça casse" ...
Et si les offres nouvelles si attendues émanaient tout naturellement de la formation la plus récente libérée par définition des ancrages historiques ?