Dominique de Villepin et l'enjeu des "boudeurs"
L'avenir de Dominique de Villepin paraît de plus en plus conditionné à sa capacité à attirer à lui les "boudeurs" ; ce qui suppose une logique de campagne qui va bien au-delà de la seule opposition au sarkozysme.
Indiscutablement, Dominique de Villepin est en train de structurer à lui seul la présidentielle 2012.
Tout d'abord, parce qu'il "neutralise" François Bayrou. Nicolas Sarkozy ne peut plus dissocier le sort de l'un du sort de l'autre puisqu'ils ont vocation pour l'instant à ses yeux à diviser le segment électoral de son opposition du centre droit.
Que François Bayrou entre au Gouvernement et Dominique de Villepin, resté à l'écart, devrait voir immédiatement ses intentions de votes passées de 8 à 14 % par ce seul effet mécanique de transfert en sa faveur des "opposants décidés" aujourd'hui pour partie partagés entre l'ancien Premier Ministre et le Président du Modem.
Par conséquent, le pouvoir ne peut avoir qu'une logique de ticket face à ces deux opposants.
Mais surtout, la campagne ne se jouera pas sur ce socle de la "droite douce".
Le saut de seuils passe par le recyclage des "débranchés" et surtout des "boudeurs".
Les "débranchés" se sont progressivement désimpliqués de la vie politique. Ils s'abstiennent de plus en plus voyant dans l'engagement politique une forme de piège. Ils ont opté pour le sauve qui peut individuel loin d'un système qui les méprise.
La véritable vague réside chez les "boudeurs". A la différence des "débranchés", les "boudeurs" ne se font pas à l'idée de ne plus participer. C'est une forme de marginalisation qui ne leur convient pas. Ils aspirent à une autre vie publique. Ils ont un statut intellectuel et matériel plus confortés. Ce ne sont pas des marginaux mais des frustrés ponctuels d'un "système politique" qu'ils jugent sévèrement et qu'ils aspirent encore à voir évoluer à la différence des "débranchés" plus fatalistes.
L'opposition décidée au sarkozysme n'est pas leur clef ultime. Elle compte mais elle n'est pas suffisante. Changer pour vivre une autres forme de déception les inquiète. Ils veulent une véritable autre vie publique.
L'agressivité qui solidarise l'opposition décidée au sarkozysme ne répond pas à leur attente qui va donc bien au-delà. C'est toute leur sensibilité pour la politique qui les conduit à aspirer à un changement en profondeur.
Le leader qui sera capable de parler aux "boudeurs" devrait connaître un score très performant. Ils sont la probable réserve majeure immédiate de Dominique de Villepin dans sa progression pour 2012.