Dominique de Villepin et les quatre fractures
A en croire les sondages, la droite serait actuellement prise dans un dilemne rare. La victoire de son Président sortant serait improbable comme dans le même temps l'émergence d'un nouveau leader victorieux serait impossible ?
Dominique de Villepin est au centre de quatre fractures majeures qui conditionnent une nouvelle donne politique.
La première fracture est intellectuelle. L'actuel exécutif semble avoir abandonné le terrain des idées positives comme si tout ne pouvait être que sanction, punition, division, altercation, admonestation ...
La seconde fracture est humaine. La majorité de 2007 est divisée. Mais surtout, elle est usée, à bout de souffle. Le casting humain manque de réserve. Où est le "banc" ? La génération 2007 a pris un coup de vieux terrible en moins de trois ans d'exposition et après elle ? Le vide à quelques exceptions près. Le prochain remaniement gouvernemental patine. Qui peut incarner le neuf ? La réponse est loin d'être aisée.
La troisième fracture est est partisane. La balkanisation d'hier a laissé place à une uniformité qui ne correspond en rien à la diversité croissante naturelle de la société. L'UMP inquiète car elle incarne à l'excès la classe politique dirigeante. Où est la fraîcheur ? Même les jeunes semblent avoir d'abord copié les mauvaises habitudes des aînés à l'exemple des récentes polémiques violentes sur l'élection du Président des Jeunes UMP.
La quatrième fracture est morale. Elle est résumée par le sentiment désormais acquis de relations incestueuses entre le pouvoir politique et la puissance économique. La résistance perçue au passage de la Justice ne peut qu'ancrer encore plus dangereusement ce sentiment.
L'espace de Dominique de Villepin réside dans les réponses concrètes apportées à ces quatre fractures.
Si les réponses sont positives, imaginatives, neuves, le rapport des forces politiques évoluera vite.
Si les réponses sont tièdes, engluées dans une étape supplémentaire de balkanisation, ces quatre fractures pourraient annoncer un enterrement et la place ouverte à une gauche qui n'a pas encore gagné sa véritable renaissance mais qui va capitaliser une usure du pouvoir encore plus manifeste à droite.
La véritable rentrée de l'ancien Premier Ministre lors de ses déplacements en régions contiendra une partie de la réponse à ce dilemne : la victoire improbable d'un Président sortant sans nouveau leader pour changer la donne ?