Jean Louis Borloo et la logique de la rue
Jean Louis Borloo retrouve un espace pour Matignon s'il s'agit de casser les codes des comportements politiques habituels pour incarner une nouvelle approche : la logique de la rue.
Jean Louis Borloo est l'un des profils les plus originaux parmi les actuels leaders politiques.
Pour ce parisien né en 1951, tout semble facile même le plus atypique. Tout est atypique dans sa carrière, dans sa personnalité, dans sa façon de faire de la politique.
Dans sa carrière où avocat au Barreau de Paris, il choisit avant la mode le marché financier, les restructurations, les fusions et acquisitions.
Dans sa carrière politique où son implantation à Valenciennes passe par la Présidence du club local de football. Une mairie de Valenciennes conquise au second tour en 1989 mais dés le 1er tour en 1995 avec pas moins de 63 % des voix (score identique en 2001).
Dans sa personnalité, tout tranche avec les profils classiques. JL Borloo apparaît souvent chemise mal boutonnée, veste fatiguée, coiffure digne du réveilââ¬Â¦
Son discours est direct sans les précautions habituelles.
Il a un actif incontestable dont :
- la rénovation urbaine,
- le développement des services à la personne,
- l'amélioration du dispositif de lutte contre le chômage.
On oublie parfois qu'au début des années 90 il fut l'un des fondateurs de "Génération écologie" avec Brice Lalonde, Noël Mamère et Haroun Tazieff.
Tout ce parcours fait de lui le seul représentant crédible à droite en matière de justice sociale.
Par ce créneau, c'est dire son importance capitale.
En effet, la majorité sortante compte peu de personnalités emblématiques pour l'opinion publique et encore moins en matière de justice sociale.
Tout place donc ce responsable du Parti Radical au centre d'un dispositif performant pour la présidentielle de 2007.
Mais l'interessé pousse l'atypisme jusqu'à ne pas répondre à des positionnements classiques.
Ceux qui le connaissent s'inquiètent de ses "absences", périodes pendant lesquelles il a rompu avec toute logique de travail voire même de simple contact.
Dans ces conditions, comment discipliner l'indisciplinable pour le fondre dans une organisation présidentielle performante le vouant non plus à un poste de franc tireur mais de véritable leader ?
Ils sont nombreux à exprimer ainsi que par exemple son accession à Matignon serait difficilement conciliable avec son tempérament car il est trop voltigeur pour imprimer une discipline collective organisée en permanence.
Là réside toute l'énigme de JL Borloo et toutes les difficultés pour la droite à "mettre en scène" une personnalité aussi atypique.
La droite ne dispose que de très peu d'"influenceurs d'opinion". C'est même la catégorie où elle est la plus faible.
Elle peut recourir à un vivier de bons gestionnaires mais c'est une autre affaire pour compter sur des leaders d'opinion dans des domaines de la justice sociale, de l'environnement, du cadre de vie, de la tolérance comme de la solidarité.
C'est pourtant là que se jouera la présidentielle 2012 surtout avec un profil aussi marqué que celui de Nicolas Sarkozy.
Si le Président sortant souhaite jouer la "carte anti establishment", Borloo peut retrouver un espace.