Dominique de Villepin et la révolte contre le pouvoir
Journée de fièvre dans les rangs de la majorité présidentielle comme chez les militants de l'UMP qui commentent très activement les dernières déclarations du Président de République Solidaire. La guerre des droites a-t-elle débuté ou pris une nouvelle ampleur ? Et si les déclarations de Dominique de Villepin étaient d'abord le signe de sa course au peuple en exprimant une colère contre tous les pouvoirs qui n'obtiennent pas des résultats promis et attendus ?
Il importe d'abord d'éliminer ce qui peut être particulièrement désobligeant dans un débat qui mérite un autre niveau.
Les commentaires UMP sur la "volonté de buzzer" ou celle de "sortir de l'indifférence" sont à ranger au vestiaire des attaques inutiles qui ne peuvent que contribuer à accentuer les divisions initiales.
Est-il possible de participer à un débat sans subir désormais des attaques agressives personnelles à l'exception des candidats qui auraient été "agréés" par le parti présidentiel ?
Il y a aujourd'hui de nombreux commentaires sur les remarques du Président de République Solidaire mais il y a encore quelques semaines une banalisation accompagnait certaines déclarations sur son tempérament de feu parfois qualifié de "fou" comme avant hier sur le fait que Ségolène Royal serait la "nunuche" de service ou Martine Aubry serait incapable de vivre une présidentielle pour de multiples facteurs personnels.
En réalité, il semble que les déclarations de Dominique de Villepin traduisent trois évolutions majeures.
Tout d'abord, il veut placer la légitimité de la candidature sur le terrain des résultats et non pas sur celui de la simple reconduction des mandats.
Sa véritable offensive à long terme semble être celle sur la priorité des "3R" :
- République,
- Responsabilité,
- Résultats.
Chacun perçoit la dangerosité à terme de cette logique qui est celle de l'opinion :
- qu'est-ce qui va mieux aujourd'hui qu'en 2007 ?
- et si rien ne va mieux, comment imaginer en "reprendre" pour 5 ans ?
Ensuite, la mention sur la "parenthèse", qui est probablement la plus agressive sortie de son contexte, semble mériter des explications. Mais dans l'ensemble de la démonstration, l'interprétation paraît simple : depuis 2007, il y a un éloignement par rapport à l'héritage de la Vème République et il faut donc revenir aux socles de cet héritage dont la conception classique de la fonction présidentielle. Sous cet angle, c'est une "exception" qu'il faut modifier.
Enfin, comment comprendre cette offensive ? Là est probablement la question majeure.
Dominique de Villepin est le seul présidentiable à ne pas être cogérant dans l'actuel système :
- l'UMP incarne "le système de tout le pouvoir",
- le PS et ses partenaires de gauche cogèrent le système notamment par leurs responsabilités dans la gestion des collectivités locales,
- le Modem est associé à cette gestion des collectivités locales sur des bases variables tantôt avec la droite et désormais plus souvent avec la gauche.
Par conséquent, le seul Mouvement politique extérieur au système est République Solidaire. C'est à lui qu'il reviendrait donc d'exprimer la colère du peuple dans des termes qui ne soient pas ceux de la diplomatie coutumière de l'élite.
Sous cet angle, une étape nouvelle pourrait être ouverte. Il ne s'agirait plus de "détourner" des élus pour peser de l'intérieur mais de contourner les élus pour peser avec le peuple contre une crise qui n'est plus une crise dans le régime mais une crise de régime.
C'est ce choix stratégique qu'il importe de surveiller. Dominique de Villepin incarnera-t-il la révolte du peuple lors du printemps 2012 contre une crise sytémique qui impose le "grand changement" ?
Il importe de surveiller attentivement ses prochaines déclarations pour clarifier cette perspective éventuelle.
Une fois ce choix stratégique éventuellement assumé, en revanche, la pacification sur l'anti-sarkozysme semble nécessaire car d'une part elle atteint des sommets peu convenables dans une démocratie moderne et d'autre part elle pourrait exposer à des débordements inquiétants durant une campagne électorale.
La presse française se moquait dernièrement des caricatures qui pouvaient fleurir lors des élections américaines intermédiaires, la vie politique française en est-elle si éloignée quand on prend au mot certaines déclarations de toutes origines poltiiques ?
Crise sociale : le PS et le jour d'après : voir lettre hebdomadaire 239 par le lien suivant : BlogExprimeo