Dominique de Villepin et les sondages

  • Dominique De Villepin
  • Brigitte Girardin

L'opinion publique Française est-elle actuellement victime d'une opération de push polling consistant à l'habituer à un "duel inéluctable" Nicolas Sarkozy contre Dominique Strauss Kahn ? Un duel qui priverait Dominique de Villepin de tout espace politique ?

Les sondages ont pour vocation initiale de donner une photographie instantanée de l'opinion. C'est une vocation qu'ils ont progressivement perdu pour évoluer vers une forme de structuration de l'opinion. Une partie de cette dernière fixe sa position en fonction des sondages.

C'est le cas tout particulièrement en ce moment au sujet de la présidentielle 2012.

Nous assistons actuellement à une présentation assez étonnante de sondages avec 4 faux habits.

Le premier faux habit est la rigueur technique : les sondages actuels ne mentionnent pas le pourcentage pourtant élevé des "sans opinion". A plus de 500 jours de l'élection, ce pourcentage dépasse le quart de l'électorat en moyenne.


Le second faux habit est le rapport strict avec l'intention de vote : à 500 jours du vote, ce rapport strict n'existe pas. La seule question techniquement intéressante aujourd'hui est celle qui consiste à savoir s'il est exclu ou s'il est possible de voter pour ...


Le troisième faux habit est l'idée d'ancrage de l'opinion : or, elle est plus volatile que jamais. Par conséquent, quand on ajoute les "sans opinion" aux possibilités de changements d'opinions, les actuels sondages n'ont aucune signification.


Le quatrième faux habit : la technique. Puisqu'ils n'ont pas de sens technique, les actuels sondages ont une vocation exclusivement politique. Il s'agit de formater l'opinion pour dissuader des profils de candidatures ou pour consolider d'autres profils que bon nombre de facteurs aujourd'hui pourraient contester.

Les sondages sont devenus un exemple parmi d'autres d'une vie publique sous influence qui décroche gravement de certaines réalités techniques.

C'est le cas pareillement de la présentation des résultats des élections Américaines du 02 novembre où tout a été mobilisé pour les réduire à l'émergence d'un Mouvement (Tea Party) présenté comme le conservatisme rétrograde le plus caricatural.

Là aussi les chiffres parlent.

Depuis 1946, lors d'élections intermédiaires, la perte moyenne de sièges pour le parti au pouvoir a été de 24 à la Chambre des Représentants. En novembre 2010, cette perte a été de 67 sièges soit près de 3 fois plus que la moyenne.

Au Sénat, la moyenne des pertes est de 4. Le 2 novembre, les pertes furent de 6 sièges.

Ces chiffres montrent bien que l'élection intermédiaire du 2 novembre n'est pas une élection comme les autres. Tout est fait pour la banaliser voire même pour la dénaturer à partir d'une interprétation fausse du Tea Party.

L'information sur la crise a ouvert une crise de l'information dans des conditions qui imposent des questions de plus en plus nombreuses et solennelles car, sous de multiples exemples, la vie publique française peut être désormais perçue comme sous influence tant elle s'éloigne de données brutes incontournables.

Cette situation contribue à la naissance d'une opinion de plus en plus répandue de complots, de trucages. Quand le peuple va s'inviter à la présidentielle "pour de bon", il n'est pas à exclure que tous ces savants équilibres ne volent rapidement en éclats.

  • Publié le 29 novembre 2010

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