Dominique de Villepin et les trains qui arrivent à l'heure
Dominique de Villepin est-il sur le point de bénéficier de nouvelles tendances qui naissent dans l'opinion et qui correspondent à son offre ? La question se pose avec acuité en cette période où une nouvelle demande politique apparaît manifestement dans les enquêtes d'opinion.
Une élection est souvent présentée comme une rencontre entre un candidat et l'opinion.
C'est moins vrai aujourd'hui. L'élection est d'abord un rendez-vous entre l'opinion et ... l'opinion avec le candidat comme produit de ce choix.
Les opinions modernes procèdent à de brusques virages. C'est l'explication de 2008 aux Etats-Unis où Obama a été le contre-portrait de Bush à quasiment tous les égards. C'est aussi l'explication du récent scrutin de novembre 2010 où les "nouvelles républicaines" ont été le contre-portrait du style Obama sur 2008-2010.
L'opinion française n'est pas à l'écart de cette situation. En 2007, Nicolas Sarkozy était le contre-portrait de Jacques Chirac. Il a fallu ensuite que l'opinion se rende compte de son réflexe d'injustice face à ce Président qu'elle aime manifestement et qu'elle avait rejeté sur les deux dernières années de son mandat (2005-2007).
2012 ne devrait pas échapper à cette règle.
Dans les dernières enquêtes d'opinion, le corps central de l'opinion commence à évoluer significativement. Les citoyens sont exigeants, rationnels, compétents, infidèles. Ils veulent de l'optimisme.
Ils revendiquent de l'efficacité, de la sécurité, de la vertu, de la pédagogie, mais aussi de la convivialité et de l'harmonie.
L'UMP axe son offre sur un thème "rendre la France aux Français" allant à la remorque de vieux slogans identitaires. C'est peut-être un contre-sens majeur car l'opinion semble davantage attendre que l'on rende "les Français à la France", les Français réconciliés avec une France apaisée.
En effet, il y a un besoin croissant de positivité.
L'opinion veut mettre la crise en ... crise.
Elle se lasse de la description dramatique généralisée avec le cortège de tragédies, de violences, d'oppositions.
Elle est à l'affût de bonnes nouvelles. Toute la consommation surfe actuellement sur cette tendance : animations, baisses des prix, nouveaux produits, promotions surprises ... tout ce qui peut rendre un air de fête à l'achat.
Les dernières enquêtes sur les médias classiques traduisent une désaffection car l'opinion leur reconnaît une responsabilité dans ce pessismisme ambiant.
L'opinion veut des trains qui arrivent à l'heure. Elle commence à aspirer à de la réconciliation, à de l'espoir, à de la positivité, à des solutions.
Si cette tendance se confirme début 2011, c'est toute la présidentielle 2012 qui en sera impactée avec la probable volonté de "jeter l'actuel pouvoir avec le bain de la crise". Ségolène Royal, qui est au moins une remarquable détectrice de tendances, ne s'est pas trompée hier. Derrière elle sur la tribune, un mot en gros : solutions !
Tout se passe comme si l'opinion se préparait à un véritable changement d'époque politique.
Elle veut du partage, de la mobilisation pour que les solutions voient le jour. C'est le creuset d'un profil comme celui de Dominique de Villepin qui incarne d'abord aux yeux de l'opinion cette excellence à l'international et cette réconciliation à l'intérieur. Il est aussi le contre-portrait le plus radical du Président sortant. Si cette tendance se confirme, il devrait être bien placé pour capitaliser cette évolution vers la positivité d'une opinion qui attend que "les trains arrivent enfin à l'heure" et que la France retrouve son rang à l'international ; bref, que la crise appartienne à la ... France d'avant.