Rétro 2010 (6) : Nicolas Sarkozy et la cohabitation territoriale
2012 s'annonce comme un choc rugueux entre un bilan national et des bilans locaux dans le cadre d'une cohabitation territoriale qui oppose deux forces politiques peu conciliables compte tenu de la radicalisation de chaque camp.
L'année politique 2010 a été celle des élections régionales.
Avec le score très élevé de régions PS depuis 2004, il paraissait probable que la majorité présidentielle puisse regagner des régions. Ce ne fut pas le cas.
Le scrutin régional de mars 2010 confirmait un fait politique étonnant :
- depuis 1995, la droite est à l'Elysée,
- depuis 1995, la gauche est largement majoritaire dans les collectivités locales : Communes, Départements, Régions.
Tout se passe comme si l'opinion voulait concilier l'énergie réformatrice de la droite avec la tradition de protection de la gauche : à l'Etat les réformes et aux collectivités locales la protection.
Mais ce schéma se fracture.
Le bilan national n'est pas aussi réformateur et le bilan local est protecteur mais à quel coût.
La gauche a créé des administrations locales avec des effectifs considérables. Elle a souvent installé des formes inquiétantes de clientélismes. Elle a indiscutablement contribué à ce poids impossible d'un secteur public qui ajoute toujours une strate de plus, donc des personnels en plus, donc des impôts en plus.
La gauche a ignoré la mutualisation des moyens si bien que les collectivités sont autant d'administrations qui s'ajoutent avec désormais des effectifs communautaires considérables.
Ce régime de cohabitation arrive à sa fin.
Les féodaux locaux veulent retrouver le pouvoir national ayant fait le tour de "leurs" territoires de proximité. La droite s'aperçoit que decider sans les collectivités locales est une forme d'impuissance incontestable.
La page de cette cohabitation originale est sur le point de se tourner. Le choc de 2012 sera marqué par le choc des bilans. La gauche va parler d'échec national tandis que la droite présidentielle répondra échecs locaux. la bataille se prépare. Elle devrait être rugueuse. Ce choc devrait être l'une des spécificités de la présidentielle 2012.
Nicolas Sarkozy a été le premier Président confronté à une "cohabitation territoriale" aussi implacable.