Dominique de Villepin et les 7 chocs de 2011
Dominique de Villepin est l'incarnation emblématique d'un destin politique qui ne peut se révéler qu'à la condition que 2011 s'accompagne de tremblements d'ampleur des terres politiques françaises. Ces tremblements sont-ils possibles ?
Il y a actuellement 7 chocs majeurs en préparation.
1) Le rebond de Nicolas Sarkozy sera très difficile. Cette question du rebond est pendante depuis l'automne 2007. Depuis cette date, le rebond n'est jamais intervenu. Pourquoi interviendrait-il demain ? Parce que des observateurs sont alimentés par un réflexe : il a tort mais il est fort. Il a tort parce que la politique menée est détestée. Il a tort parce que son style provoque, ulcère. Mais il est fort parce qu'il a gagné 2007.
Ce raisonnement montre rapidement ses faiblesses. Certes il a gagné 2007 mais il a méthodiquement perdu depuis toutes les élections. Comment se convaincre qu'il soit possible de se rendre dans un supermarché où les produits ne seraient pas voulus et le patron ne serait pas sympathique ? C'est pareil en politique, l'opinion ne déteste pas un candidat tout en votant pour lui. Cette contradiction n'existe pas.
Par conséquent, le rebond sera très délicat dans un calendrier déjà très avancé.
2) La gauche aura les pires difficultés à produire un programme commun sérieux. Les primaires vont attiser les différences. Dès le départ, c'est déjà une erreur de parler d'une gauche alors qu'il y a plusieurs gauches. Mais à la sortie des primaires, ces gauches seront en situation de cohabitation sérieuse quasi-impossible. La mort de la cohabitation des gauches est déjà inscrite dans les faits. Il ne reste qu'à l'officialiser par le faire part de décès. Les primaires vont s'y employer.
Par conséquent, il y aura des électorats disponibles à recycler.
3) Le centre ne se réconcilie pas avec le leadership moderne. L'opinion a maintenant besoin de légendes. C'est l'actuelle force de DSK. Il "sauve le monde" donc pourquoi ne "sauverait-il pas la France" ? Bayrou, Morin et autres centristes manquent de légendes. La présidentielle 2012 sera d'abord un enjeu de caractères, de styles. C'est un terrain qui ne convient ni à leurs pensées ni à leurs tempéraments.
Le centre aura du mal à exister en 2012 compte tenu des nouvelles circonstances.
4) L'extrême droite peut s'emparer du populisme. Si l'extrême droite s'empare du populisme, elle fracasse toutes ses limites habituelles puisqu'elle sort de l'extrêmisme donc de l'infréquentable. Elle peut être celle qui invite le peuple à la table du banquet des élites. Si c'est le cas, le choc sera redoutable.
C'est la principale inconnue des partis protestataires. Seront-ils capables de surfer sur cette vague forte ou iront-ils rapidement trop vite et trop loin ?
5) La crise s'invite dans la durée. Il est possible d'en calmer des excès mais sans la ranger dans le rayon du passé.
Bien davantage, des crises nouvelles vont se succéder montrant que les anciennes n'ont pas été réglées. Le feuilleton des crises est engagé. Il risque de durer longtemps.
Dans ce feuilleton, il va y avoir un épisode où l'opinion va commencer à demander des comptes. Si elle ne les obtient pas rapidement et de façon brutale, elle changera de registre de colères.
6) Une nouvelle gouvernance va imposer de nouvelles règles. Une représentation nationale éclatée, discréditée, incapable de régler les sujets majeurs ... ne peut pas ne pas susciter une demande de réformes d'ampleur.
Ces réformes toujours évoquées mais jamais appliquées qui vont du non-cumul à la limitation du nombre de mandats dans la durée, à la lutte contre l'absentéisme ...
7) La nouvelle règle de choix : l'authenticité. L'opinion veut du vrai et de l'anti-système. Etre authentique, c'est incarner ce que l'on est et qui on est. Le candidat le plus anti-système et le plus authentique, c'est Dominique de Villepin.
Le système, c'est la course à l'élection suprême après avoir blanchi sous les autres mandats électifs. A l'opposé, Dominique de Villepin n'a jamais cherché d'autre mandat électif. Il aurait pu être candidat dans une circonscription acquise par avance. Cette culture n'est pas la sienne.
Le système en politique, c'est tuer le père tous les matins au minimum. Dominique de Villepin s'y est toujours refusé et sa loyauté avec Jacques Chirac a toujours été sans faille même si le prix personnel devait être élevé.
Le système en politique, c'est gravir les échelons dans un parti ancien pour tenter d'en prendre la direction au gré d'alliances qui sont autant de plans de carrières à concilier. A l'opposé, Dominique de Villepin crée son parti. Ce parti ne court pas toutes les élections mais qu'une.
La liste de toutes les oppositions avec le "système" est longue, presque généralisée.
Dès que l'opinion le verra sous ce véritable jour, une nouvelle étape sera franchie.
Cette étape cumulée aux chocs précédents pourrait ouvrir des perspectives singulières car les chocs de 2011 sont tellement nombreux que tout est réuni pour que l'année 2011 soit un choc ouvrant la présidentielle 2012 sous un jour bien difficilement prévisible actuellement.