Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy au centre d'une guerre des sondages
L'hebdomadaire Le Point et la société Orange publient ce jour deux sondages au contenu particulièrement contradictoire. Le premier assure la cristallisation de l'électorat auprès des candidatures PS et UMP. Le second sondage (Orange) atteste de l'atomisation de l'électorat en mal de nouveauté.
Pas une semaine désormais ne se déroule sans que des sondages ne soient livrés à l'opinion publique.
Pourquoi cette "sondomanie" et surtout quelles sont les conséquences pour la structuration de l'opinion publique ?
A l'origine, le sondage est destiné dans une démocratie moderne à permettre d'entendre la voix du citoyen entre deux votes officiels.
A l'exception des USA, la France est le pays qui produit le plus de sondages. Pourquoi ?
Plusieurs facteurs contribuent à cette situation.
Tout d'abord, l'absence d'un mode de sélection formalisé à l'élection présidentielle. Faute de processus clair, les sondages fournissent les éléments d'information et de clarification des forces en présence.
Ensuite, la généralisation d'un scrutin majoritaire simple qui fait que techniquement l'opinion doit finalement toujours se structurer de façon binaire y compris sur le plan local. Cette logique porte en elle une structuration permanente de l'opinion sur la base d'une question simple qui est celle de l'adhésion ou pas à la politique mise en oeuvre par le pouvoir en place.
Enfin, la Vème République est construite sur la base d'une "majoritisation" qui convient parfaitement à la logique des sondages.
Nous vivons actuellement une étape caricaturale de cette "sondomanite". Des informations contradictoires sont livrées à l'opinion. Il ne reste qu'une étape qui pourrait être franchie rapidement, celle qualifiée aux Etats-Unis de "push polling". La question porte un message et influence l'opinion au-delà même de la réponse. C'est Karl Rove, Conseiller du Président Bush, qui a lancé cette mode au début des années 2000. A quand des questions du type : "pensez-vous qu'une candidate inexpérimentée comme S. Royal puisse représenter efficacement la France sur le plan international ?" ou "estimez-vous qu'un candidat aussi impulsif que N. Sarkozy soit apte à faire face aux situations de crise qui relèvent de la Présidence de la République ?".
C'est la dernière étape avant l'instrumentalisation absolue de ces outils qui initialement visaient à mieux connaître l'opinion davantage qu'à la faire ...