Dominique de Villepin et l'appel aux sentiments
2012 sera d'abord un rendez-vous entre les Français et ... les Français. L'un des candidats dans l'offre globale ne deviendra alors que l'incarnation de ce rendez-vous. Tout l'enjeu pour Dominique de Villepin et son espace politique résident dans cette spécificité : sortir de la micropolitique pour aller vers une nouvelle ambition collective.
Dominique de Villepin a engagé une conversation avec les Français. Il se plie aux usages : un thème, un terrain, des propositions.
L'ensemble va donner une campagne sérieuse à l'exemple des "gros livres" des autres candidats qui parcourent aussi des territoires, des thèmes, des populations.
C'est l'étape de chauffe, nécessaire.
Mais, pour l'opinion, Villepin n'est pas un "candidat comme les autres" et il ne doit surtout pas le devenir.
Villepin est l'Histoire. Il suffit de lire dans le regard des jeunes. Ils lui pardonnent le CPE, bien davantage que l'intéressé ne se le pardonne à lui-même semble-t-il.
Ils lui parlent de l'ONU. Certains citent même des passages entiers de son discours.
Pourquoi ? Parce que Villepin c'est la France qui refuse la guerre, qui est applaudie à l'ONU, qui respecte l'héritage de la Révolution : des idéaux universels.
Il doit rester un héros mais celui d'une nouvelle Histoire qui refuse l'impuissance diplomatique mais refuse tout autant le malaise économique.
Pour l'opinion, il doit être Indiana Jones : le nouveau patriotisme, la France qui remarque des essais, celle qui revit des exceptions qui honorent, celle qui explore des territoires inconnus.
Il doit être le candidat qui réhausse les Français face à ceux qui s'occupent des ordonnances pour alléger les maladies jamais traitées dans la durée.
Il doit cultiver sa valeur ajoutée pour casser l'uniformité.
Les autres candidats imaginent les Français consommateurs de recettes catégorielles et donc démunis de vision collective. C'est le vide actuel. Si Villepin parvient à convaincre que ce vide est d'abord le mépris pour les Français, les lignes vont bouger de façon accélérée.
Il doit être le grand ambassadeur des atouts des Français face aux vengeurs des échecs du pouvoir sortant ou aux infirmiers aux soins inadaptés.
Sa campagne doit être optimiste, pleine d'audace. Et si les Français avaient besoin de grandeur ?
Sa percée reposera sur un appel aux sentiments et non pas sur la raison des mesures concrètes. C'est en cela que son score sera un marqueur qui dépassera largement sa seule identité.