Nicolas Sarkozy sait entendre la colère des défavorisés
Début de l'offensive du Président de l'UMP qui ne peut laisser le "monopole du coeur" à sa rivale socialiste. Dans les Ardennes, il parle à la France qui souffre.
"Même l'avenir n'est plus ce qu'il était". Cette formule de Paul Valéry est probablement le résumé le plus saisissant de l'état d'esprit actuellement le plus répandu.
La première fracture est d'abord entre les Français et l'avenir. L'avenir était traditionnellement porteur d'améliorations. Il est désormais le symbole d'un monde déboussolé sans sortie de tunnel déjà perceptible. L'avenir est perçu comme un demain où il ne serait plus question de bien vivre mais seulement de survivre.
Ce sentiment, pour partie irrationnel, a fait naître une seconde fracture entre les élites et les citoyens. Les élites ont dégagé l'image de ne pas être soumises aux mêmes contraintes que celles du grand nombre. Elles bénéficient de protections particulières qui leur épargnent les pires embûches. Au moment même où la crise ne les frappe donc pas "comme tout le monde", les élites sont manifestement incapables de régler les principaux dossiers de nature à permettre au plus grand nombre de mieux vivre.
Ces deux facteurs ont créé un nouveau "besoin de vengeance". Là est la vraie fracture majeure.
Depuis "l'idéal révolutionnaire", l'inconscient collectif français est structuré autour de l'image du peuple qui peut faire "tomber la tête du Roi".
C'est à ce jour la probable réalité du "climat citoyen" en France. La rupture entre les citoyens et les élites ne date pas d'aujourd'hui. C'est parce que cette fracture est déjà ancienne, qu'elle s'est approfondie donnant naissance à une crise qui a ainsi pris une dimension nouvelle avec des votes protestataires à un niveau très élevé.
Par sa visite dans les Ardennes, N. Sarkozy est allé au coeur d'un défi majeur : réconcilier la "France qui souffre" avec l'espoir d'un avenir meilleur.