Marine le Pen et la force des sondages
Une nouvelle campagne présidentielle est-elle en passe de voir le jour sous l'effet d'une multiplication des sondages qui change significativement le parcours de la sélection ?
Marine le Pen et DSK sont-ils les signes précurseurs d'une nouvelle logique de campagne avec un filtre permanent de l'opinion ?
Tous ces enjeux vont connaître des développements nouveaux avec l'apparition des sondages via Internet.
La première expérience de sondage par Internet a été conduite aux USA en 2000 par l'Institut Louis Harris Gordon Black.
La démarche avait été simple. Cet institut avait mis en place un site web pour présélectionner des dizaines de milliers d'internautes. Une vraie base de données avait été constituée. Ces internautes participaient ensuite le plus simplement du monde au jeu classique des questions / réponses.
Les réponses ainsi obtenues ont vite été au centre de vives polémiques contestant le support utilisé.
Cette polémique orchestrée par les instituts concurrents ne résiste pas longtemps à la réflexion. En quoi le véhicule technique d'expression d'un choix peut-il altérer la qualité de cette expression ?
Il est alors question de la préservation de l'anonymat comme assurance de sincérité. Si l'anonymat est préservé par le sondage trottoir, quelle est la différence entre l'appel téléphonique et la réponse à un mail par rapport à l'identification du répondeur ?
Bien davantage, avec la démocratisation d'internet, si la base de données repose sur des échantillons techniquement sérieux, un plus grand nombre de questionnés pourra être interrogé dans un temps très bref. Cet élargissement du nombre des réponses est une force non négligeable de garantie de qualité.
Il est certain qu'Internet va contribuer dans de brefs délais à mesurer l'opinion publique en la sondant.
La seule interrogation réside désormais dans le calendrier de mises en place fréquentes de telles consultations.
Ces consultations vont transformer les coûts d'exploitation des sondages en les abaissant considérablement. Avec des coûts d'exploitation moindres, les sondages deviendront plus accessibles et se multiplieront.
La présidentielle 2012 est le premier théâtre d'interventions de cette nouvelle logique.
Ce sera ensuite au tour des élections locales en raison du coût considérablement abaissé de telles techniques mais aussi d'une démocratie directe d'opinion qui s'installe.
Marine le Pen et DSK sont bien les premiers symboles d'une nouvelle façon de faire campagne. Les agences de notation ont mis à bas la souveraineté des Etats. Les sondages vont mettre à bas la souveraineté des partis politiques dans le choix des candidats. Le prochain champ est le débat au sein de l'UMP sur le "bon candidat". Il s'ouvrira dès le lendemain des cantonales de mars 2011.