François Fillon et les 7 leçons des cantonales
François Fillon voit naître une nouvelle carte politique qui porte de secousses de première ampleur à très court terme.
Le scrutin du 20 mars 2011 apporte 7 enseignements techniques majeurs :
1) La fin de la France des cantons : avec un taux d'abstention record, une logique institutionnelle prend fin dans l'indifférence. C'est un système totalement déconnecté des évolutions démographiques. Dans une Assemblée Départementale, un élu de 1 500 électeurs avait la même voix qu'un élu de 15 000 électeurs. Rarement des inégalités démographiques aussi fortes auront été préservées aussi longtemps. Dans trois ans, le nouveau scrutin devrait permettre d'évoluer vers une meilleure égalité démographique entre les territoires ; ce qui était indispensable.
2) L'UMP en fond de cale : il fut un temps où le label UMP assurait une présence au second tour avec une grande chance de victoire. Puis ce fut la "présence - témoignage" au second tour avec une perspective de victoire plus compliquée (élections locales 2008).
Maintenant, dans de nombreux endroits, c'est ne plus être au second tour tout simplement dès l'instant que les DVD ont éclaté l'offre de la "droite classique".
3) La poussée du FN : une nouvelle fois les enquêtes ont logiquement annoncé la poussée du FN. Dès que la droite classiques était divisée avec la présence d'un DVD, le FN atteint un seuil qui le place devant l'UMP. Cette poussée, c'est le cumul de la "France qui a mal" (chômage, perte de pouvoir d'achat) et de la "France qui a peur" (insécurité, immigration). Le FN effectue une percée dans les cantons "populaires" confirmant là aussi qu'il est devenu le premier parti dans le vote des ouvriers et des employés.
4) La progression des écologistes : elle est plus modérée que ce qui pouvait être attendu avec l'actualité du nucléraire. Ce qui est important c'est que l'environnement est désormais perçu comme une composante à part entière du développement économique.
5) La disparition du centre : le centre n'existe plus. Il a perdu son identité entre l'UMP et le PS.
6) Il s'agit d'une élection intermédiaire supplémentaire dominée par une logique protestataire : la vie politique française est désormais structurée entre les "élections de pouvoir" (Présidence et municipales) et les "élections d'humeur" (européennes, régionales et cantonales). Dans le premier cas, l'opinion ne "plaisante" pas : elle se déplace, vote pour un pouvoir qu'elle identifie sur le plan national ou le plan local (le Président ou le Maire). Dans le second cas, elle témoigne son humeur face à la politique nationale. Les élections intermédiaires ne peuvent donc servir d'extrapolation pour les présidentielles ou les municipales en raison de ce changement d'ambiance.
7) La classe politique classique (UMP et PS) est manifestement déstabilisée par le FN et par les écologistes : les votes pour le FN et pour les écologistes sont certes protestataires mais ils témoignent d'abord la volonté d'un "autre système" quand pour 68 % des électeurs les différences entre le PS et l'UMP sont difficiles à percevoir.
C'est une carte politique nouvelle qui apparaît à 13 mois du premier tour de la présidentielle.