J - 7 : Dominique de Villepin et le souffle de la révolte
A 7 jours de la présentation de son projet pour les Français, bénéficiant d'une clarification progressive des facteurs de l'actuelle crise politique grave, le Président de République Solidaire est confronté à un exercice de style difficile : concilier le souffle de la révolte installé dans le pays avec les contraintes incontournables d'une gouvernance.
La classe politique dans son ensemble paraît en retard et en décalage avec la réalité psychologique du pays.
Les "représentants" légaux ne "représentent plus" ou mal si bien que l'opinion est à la recherche de nouvelles offres.
Ce n'est pas une division droite / gauche. C'est un état d'esprit diffus, une effervescence de revendications éparpillées mais qui vont toutes dans le même sens : changer radicalement !
Les rhétoriques habituelles n'ont plus prise. Le flop du projet du PS en est la dernière illustration.
La balkanisation des offres constituerait une nouvelle étape dans l'éclatement du système montrant que, loin de partager des idéaux fondateurs, des opinions s'ancrent désormais dans des différences raciales, morales, religieuses, voire même demain régionales.
Plus l'offre politique est éclatée, plus elle reconnaît que la société est éclatée pour s'adapter à des demandes de moins en moins conciliables ou même capables de cohabiter.
Ces situations passent par deux étapes pour des solutions :
- l'exaltation d'une ou deux valeurs qui sont les ultimes socles de rassemblement,
- mais surtout des actes symboliques qui montrent que la "donne peut changer".
Sur les actes symboliques, comme l'opinion s'estime d'abord "malade du pouvoir", il est probable que le volet du "nouveau pouvoir" doit occuper une place majeure : comment réconcilier les Français avec le pouvoir qu'il soit politique ou économique ? C'est une bataille de l'éthique, de la responsabilité, de l'exemplarité.
Sur les valeurs qui rassemblent au-delà des divisions actuelles qui se solidifient, il est très difficile d'identifier le "bon terrain". C'est pourtant là très probablement l'enjeu du décollage accéléré de Dominique de Villepin. Pour l'instant, il est un "radical chic" incarnant une vision tempérée, garante d'une gestion sérieuse sans les excès des dernières années.
Le "radical chic" peut-il canaliser le souffle de la révolte ? Difficile tant qu'il incarnera aux yeux de l'opinion une partie de l'establishment.
De "radical chic", il doit devenir un "new look populiste" au meilleur sens du terme c'est à dire celui qui est capable de montrer qu'il connaît les revendications du peuple, qu'il est prêt à leur faire droit dans de nombreux domaines face à un système de pouvoir à l'usure accélérée par la crise économique.
Sous cet angle, le projet du 14 avril s'annonce comme une redoutable épreuve parce que l'opinion exaspérée ne semble plus en état d'accorder beaucoup d'oraux de rattrapage.