Dominique de Villepin et le procès nouveau
Clearstream II s'éloigne beaucoup de Clearstream I dans des conditions probablement plus redoutables à terme pour l'ancien Premier Ministre car le procès se banalise dans des circonstances qui peuvent laisser craindre désormais une confusion pénalisante.
Clearstream I répondait à un scenario clair et simple pour l'opinion donc lisible par elle : Dominique de Villepin était victime d'un règlement de compte politique de la part d'un Chef d'Etat en peine de présidentialisation cherchant à éliminer un concurrent redouté.
La Justice était perçue alors comme le théâtre ponctuel de cette opposition personnelle.
Ce cadre fut très bénéfique pour Dominique de Villepin qui avoisinait les 10 % d'intentions de votes à la sortie de Clearstream I. L'opinion avait retrouvé le "chevalier avec panache et sans peur" qui défie dans les couloirs la "revanche du Chateau" ... Rien ne manquait au feuilleton quasi-quotidien.
Mais surtout, cette séquence mettait en évidence une règle souvent oubliée : on existe d'abord par celui à qui on s'oppose.
Le premier procès fut le duel Sarkozy / Villepin.
Il faut un opposant de qualité pour être un challenger de qualité.
Dans des circonstances totalement incomparables, qu'auraient été Churchill ou De Gaulle sans les défis d'alors ? Plus dernièrement, que serait devenu Obama sans le "défi Ben Laden" ?
Que deviendrait Villepin dans un Clearstream II sans Sarkozy au moins apparent ?
C'est tout le défi de ces derniers jours.
Si lors de Clearstream I, Villepin a bataillé contre Sarkozy ; lors de Cleastream II Villepin donne le sentiment de batailler contre ... Lahoud. Et là, tout change.
C'est un procès nouveau pour l'opinion.
Si la peine judiciaire semble s'éloigner, la peine politique peut se rapprocher avec une image de marque qui s'altère.
Dominique de Villepin doit témoigner une attention très vive sur l'actuelle perception de Clearstream II par l'opinion. La banalisation peut être la plus redoutable sanction à terme si elle devait changer le statut de l'ancien Premier Ministre faute d'opposant de "taille". C'est ce tournant qui commence à naître et à laisser craindre une sortie délicate.