Jean Louis Borloo et la nouvelle présidentielle
En quelques jours, une nouvelle présidentielle est née. Le niveau d'exigence de l'opinion va changer et bon nombre des règles anciennes vont être modifiées.
L'affaire DSK va modifier en profondeur la politique française dans au moins trois domaines.
1) la remise en question du "off" dans la vie journalistique : le "off" c'est l'instrument qui fait des journalistes les gardiens des secrets de leurs confidents. Ainsi, dernier exemple en date, alors que des journalistes exprimaient sur les plateaux des doutes sur la candidature de DSK, plusieurs d'entre eux avaient déjeuné le 28 avril avec lui et, à cette occasion, DSK avait confirmé qu'il serait candidat mais en "off".
2) la fin des programmes pour le remplacement par l'examen des tempéraments : la question n'est pas de savoir s'il y a malhonnêteté mais le niveau de gravité de la malhonnêteté. L'opinion va s'estimer trahie. Sa défiance va ouvrir un espace nouveau au doute. Ainsi, actuellement, le silence sur DSK n'est pas considéré comme la place pour la "réserve" mais la contrainte pour éviter d'autres révélations.
3) censurer la censure : la censure est le mal de tous les siècles sous des formes diverses. Mais, et c'est bien ainsi, elle ne réussit jamais qu'à retarder l'explosion des grandes révélations. La censure devient actuellement la publicité mensongère. Le silence qui trompe. La presse est libre mais rarement peut-être elle ne s'est autant censurée. A force de couper des révélations, c'est la démocratie qui est réduite.
Sous cet angle au moins, l'affaire DSK n'est pas porteuse que de négatif. Elle va marquer une nouvelle avancée dans les révélations, un autre niveau de curiosité et surtout une autre exigence de vérité. C'était peut-être l'électrochoc nécessaire pour que la démocratie française perde certaines de ses mauvaises habitudes.
En passant en quelques jours de présidentiable à infréquentable, DSK va peut-être rendre involontairement la démocratie française plus moderne.
La question va désormais être le nombre des candidats qui vont accepter le niveau nouveau d'intrusion dans des domaines privés.
Les candidats les moins motivés par la présidentielle vont-ils faire le pas dans de telles circonstances ?
Jean Louis Borloo, Nicolas Hulot et tant d'autres qui ne rêvent pas depuis des décennies à l'Elysée accepteront-ils ces nouvelles règles ?
Un nouveau critère de sélection est apparu, peut-être encore plus dissuasif que les sondages ?