Xavier Bertrand et l'obligation d'apaisement
Xavier Bertrand doit rapidement trouver les mots pour apaiser les visiteurs médicaux heurtés par les attaques dont ils ont été victimes la semaine dernière.
Acteurs incontournables et reconnus de l'information médicale, le visiteur médical (VM) est la 2ème source d'information sur les médicaments pour les professionnels de santé après la presse médicale.
Le VM exerce après une formation d'une année (accessible à Bac +2/3) sanctionnée par un titre national homologué de niveau III et dans le respect d'une charte professionnelle.
Les Visiteurs Médicaux sont le nécessaire lien entre les laboratoires pharmaceutiques et prescripteurs pour toutes les informations relatives aux conditions de prescriptions dans le respect du bon usage du médicament et aux alertes de pharmacovigilance.
Responsable de l'information, de la promotion des médicaments et de leur bon usage, le visiteur médical est en relation directe avec les professionnels de santé.
En première ligne face aux médecins, le visiteur médical est chargé de les informer sur les produits dont il assure la promotion. Pour autant, l'entreprise qu'il représente ne lui demande pas d'établir des bons de commande. Pour rappel, les "cadeaux" financés par l'Industrie Pharmaceutique sont interdits depuis 1993. Les "manifestations publiques" de type soirée scientifique, participation à un congrès font l'objet d'une autorisation avec déclaration préalable auprès des instances responsables (Conseils de l'Ordre, la Haute Autorité de Santé (HAS) ââ¬Â¦).
La charte professionnelle lui interdit de remettre des échantillons aux praticiens. Présenter les produits aux membres du corps médical (tolérance, les éventuels effets secondaires, les modalités de prise en charge...) avec à l'appui, une plaquette détaillant la composition du médicament, son indication, sa posologie, tels sont ses missions.
Il recueille et transmet les informations de pharmacovigilance des produits à son entreprise, suit par ailleurs des formations et est soumis régulièrement à des contrôles de connaissance médicale. Un visiteur médical est responsable d'un secteur géographique. Il voit environ quatre à six médecins par jour et organise sa tournée en toute autonomie.
La visite médicale est un métier exigeant une bonne base de connaissances médicale.
L'ensemble de son discours et de ses éléments promotionnels sont visés par la commission de transparence, organisation d'état, donc si dérive qui en est responsable ?
Ils sont donc le maillon essentiel de l'information du médicament auprès du corps médical qui les reçoit et les apprécie chaque jour à plus de 90 %, soit une population médicale. Voila plus de 200 000 médecins électeurs (généralistes, spécialistes, et hospitaliers) qui s'interrogent sur l'intérêt de la mesure proposée par Xavier Bertrand.
Les visiteurs médicaux ne sont que les lampistes de la dérive, voire de l'absence de politique du médicament depuis les années 70.
Leur suppression, en revanche, aura un impact non négligeable sur notre économie entrainant avec eux les 100 000 emplois de l'industrie pharmaceutique, sans compter les emplois indirects. Pour mémoire, 18000 véhicules, 18000 micro-ordinateurs, 18000 cartes essence, 18000 téléphones portablesââ¬Â¦
Ils sont des acteurs importants de l'économie de nos territoires. Si d'aventure nous supprimions ces 18000 emplois, nous devrions faire face à des drames humains, sociaux, économiques sans améliorer le bon usage du médicament et le déficit de la sécurité sociale.
Si la fonction de VM n'était pas justifiée, comment Xavier Bertrand explique-t-il que nous avons à ce jour la même densité de visiteurs médicaux (1 pour 10, rapporté à la population médicale) que les USA pour des résultats différents ? Quel intérêt a-t-il de faire des VM des boucs émissaires sanitaires alors que leur profession est strictement encadrée ?
Au moment où la crise de confiance est désormais ouverte entre Xavier Bertrand et les visiteurs médicaux, il devient de plus en plus urgent que le Ministre trouve les mots d'apaisement pour calmer cette profession inquiète et en colère.