Nicolas Sarkozy fait l'objet d'une campagne négative à l'américaine
Le Parti socialiste Français conduit une campagne à la travailliste. Bon nombre des initiatives prises depuis quelques mois par les partisans de Ségolène Royal sont la reprise pure et simple des techniques de campagne de Tony Blair qui les a mises en oeuvre avec une campagne d'avance.
Nous avions annoncé l'émergence de campagnes négatives à l'américaine dans les campagnes électorales Françaises. Le parti socilaiste l'a fait en mettant en ligne un "portrait" du Président de l'UMP.
Dans le monde politique américain, la campagne négative repose sur un bon sentiment : celui du "citoyen averti".
Le "citoyen averti" est à la démocratie ce qu'est le "consommateur averti" à la consommation quotidienne. C'est celui qui sait déchiffrer les fausses promesses, poser les bonnes questions, ne se laisse pas piéger par les annonces racoleuses ...
Mais comment construire "un citoyen averti" ?
Sous cet angle, c'est simple. Il s'agit d'abord de dénoncer les "complots du concurrent". Il s'agit ensuite d'appliquer la "publicité comparative".
En ce qui concerne la notion du "complot", l'axe consiste à dénoncer publiquement les comportements qui portent atteinte à la considération des consommateurs ou des citoyens.
Les premiers pratiquent alors le boycott des produits désignés pour cibles.
Les seconds votent contre les candidats ou contre les responsables qui ne respectent pas certaines valeurs.
Aux USA, cette logique crée une véritable dictature du consommateur ou du citoyen et malheur à l'entreprise ou à l'élu qui entre dans le collimateur de groupes de pression qui organisent alors une clameur qui emporte presque tout sur son chemin.
Cette clameur est d'autant plus redoutable qu'elle ne vise pas toujours à établir une stricte matérialité des faits mais à convaincre que le vrai est révélé.
Un éminent juriste établissait dernièrement dans une revue technique la différence considérable qui peut exister entre "l'objectivement probable et le subjectivement certain".
Dans une époque qui se dit scientifique, la place de ce que le groupe social croit vrai n'a probablement jamais été aussi grande.
Le réel importe moins que ce qu'on croit qu'il est.
Les campagnes négatives occupent une place de plus en plus grande dans les démocraties modernes. C'est la reconnaissance qu'une élection est d'abord le refus d'un candidat plus que le vote positif en faveur de l'un des prétendants.
Cette reconnaissance est loin d'être évidente puisqu'elle malmène sévèrement l'égo des candidats.
Ségolène Royal a accepté de "faire le pas". Une nouvelle étape est franchie qui va durcir le ton des campagnes électorales.