Dominique de Villepin et les ponts qui tombent
Le Président de République Solidaire doit-il corriger le socle de son programme pour s'inscrire plus logiquement dans une offre qui réponde à sa "tradition" : la défense de l'Etat ?
Trois constats sont nécessaires pour effectuer un point d'étape :
1) La présentation des mesures d'avril 2011 n'a pas suscité un frémissement dans l'opinion. La mesure supposée clef (le revenu citoyen) a créé davantage de questions que de réponses. Quand une mesure choc doit être expliquée à ce point, c'est qu'elle perd une partie de sa raison d'être.
2) L'offre 2012 se clarifie progressivement.
Nicolas Sarkozy veut incarner la confiance dans la crise économique et financière appelée à durer, voire même à s'aggraver.
Martine Aubry symbolise le retour de la gauche, presque celle de 1981 comme si "changer la vie" pouvait rester du domaine de la politique.
François Hollande représente la social-démocratie à visage humain grâce au pragmatisme tous terrains.
Jean Louis Borloo veut incarner le "centre" comme pôle de dialogue et de réformes dans l'entente.
Un absent de marque dans tout ce paysage : l'Etat. Un Etat qui aborde les réformes de fond pour régler le dossier de la dette sans pour autant s'étioler dans la perte de moyens.
L'Etat a été le grand perdant des 20 dernières années du dernier siècle avec la décentralisation qui a fait naître avec les collectivités locales des concurrents puis des "vampires".
Mais aujourd'hui, si l'Etat est manifestement affaibli, les collectivités locales le sont également : impôts élevés, emprunts élevés ... : un fonctionnement tentaculaire qui interdit presque tous les investissements d'ampleur.
Le besoin d'Etat pointe donc.
3) Il pointe d'autant plus que des exemples montrent l'impact de l'impuissance publique. Le dernier en date : l'effondrement à Montréal d'une partie du tunnel Ville-Marie. C'est d'un coup spectaculaire l'illustration de la déliquescence des routes. Tout ce qui a été construit en 1960 et qui arrive en ... fin de vie.
N'est-ce pas la situation de la France dans la maintenance de ses grands équipements ?
Les réseaux d'eau et d'assainissement vivent souvent de ... rustines. La départementalisation des ex-voiries nationales laisse place à un réseau peu performant et moins entretenu que jamais.
La liste est longue des domaines où la décentralisation a donné la préférence aux dépenses qui se voient et qui "payent" électoralement.
Qui va défendre l'Etat en 2012 avant qu'ici aussi des ponts tombent et rappellent alors que les grands équipements ont besoin d'une vision cohérente dans la durée.
Ce serait un positionnement d'autant plus logique que l'ancrage au centre ne correspond ni à l'histoire politique de ce leader ni à un espace électoralement porteur dans une logique difficilement contournable d'affrontements de blocs ?
Les ponts qui tombent pourront-ils être le socle du rebond pour un des leaders les plus prometteurs de l'offre politique française ?