François Fillon et la différence entre le robinet et l'évier

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François Fillon a été l'un des avocats les plus lucides de l'actuelle situation des finances publiques où il ne faut pas confondre le robinet et l'évier dans l'examen de la situation de la dette publique.

La réaction des marchés face aux mesures sur la dette fédérale américaine montre que la question de la dette publique vient de changer de dimension.

Cette réaction rejoint celle d'experts universitaires indépendants à l'autorité technique reconnue. Un avis de tempête force 10 est annoncé sur les économies occidentales.

Aux Etats-Unis, le tournant a été la publication de rapports du CBO (Congressional Budget Office), un organisme indépendant aux compétences reconnues.

Que disent-ils pour l'essentiel ? Au rythme actuel, la dette fédérale américaine atteindra 190 % du PIB dans 30 ans alors qu'elle est aujourd'hui à 70 % du PIB. Ce n'est donc plus possible de continuer.

Ce bureau a développé une argumentation simple mais imparable : la dette est le montant des déficits cumulés.

Il ne faut pas confondre le robinet et l'évier. Les déficits sont le robinet. Il est question que le robinet coule moins. Mais la dette, c'est l'évier et l'évier est déjà plein. Donc la question n'est pas que le robinet coule moins mais que l'évier commence à se vider ...

Or aujourd'hui, le seul débat est "hors sujet" puisqu'il ne porte que sur les conditions pour que le robinet coule moins dans un évier ... déjà plein !

Par définition, il y a impasse.

L'alternative n'est plus entre la catastrophe d'une notation et la continuation de l'Etat providence. L'alternative est entre les mesures radicales urgentes et le choc encore plus massif à court terme.

Ce débat vient d'être livré dans des conditions techniques remarquables aux Etats-Unis.

Le compromis retenu risque de provoquer deux conséquences :
- il ne calme pas les marchés,
- bien davantage, il les inquiète parce que les marchés ont maintenant un double sentiment : l'impuissance du pouvoir politique à s'attaquer aux questions de fond et pour autant des compressions budgétaires qui vont handicaper toute relance voire même engager un processus de récession.

Comme les autres économies occidentales sont des wagons de la locomotive US, cette évolution ne peut qu'inquiéter.

Ce débat sur le fond, c'est la fin des périmètres classiques de l'Etat Providence.

Si la crise s'amplifie, il ne sera plus possible de concilier la chute des recettes et le maintien des dépenses habituelles.

Les collectivités locales françaises déjà exposées à une double tenaille (fort niveau d'endettement + fort niveau d'imposition) entrent donc en zone rouge dans ce contexte global.

Une zone rouge qui peut être encore aggravée par des emprunts toxiques qui exposeraient à une forte poussée des taux.

Dès le début du mandat présidentiel, François Fillon a été l'un des avocats les plus lucides et sincères de l'urgence de traitement de la dette publique quand il indiquait : "les caisses sont vides".

La rentrée de septembre risque d'intervenir dans un climat de particulières tensions financières généralisées. Cette situation peut être un atout pour Nicolas Sarkozy puisqu'elle va susciter un réflexe de sécurité dans l'opinion.

Mais encore faut-il que cette dernière n'ait pas le sentiment que les déficits se sont alourdis les 5 dernières années ...


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  • Publié le 4 août 2011

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