Ségolène Royal et les 5 révolutions
Depuis 2008, 5 changements fondamentaux dans les campagnes électorales sont intervenus. 5 révolutions confirmées lors du scrutin US du 2 novembre 2010 comme par les actuelles primaires américaines et françaises.
1) Le passage de l'étoile à la toile : hier la campagne électorale vivait à partir d'un candidat ou d'une candidate providentiel(le). C'était "l'étoile" supposée tout décider, tout guider. Aujourd'hui, c'est le réseau citoyen qui compte. Il faut faire naître une toile, permettre l'appropriation la plus large de la campagne par les citoyens. C'est cette démultiplication qui fait naître les vagues et bouger les frontières classiques.
2) La naissance des scrutins à trois tours : les sondages deviennent le véritable premier tour qualificatif pour la victoire. Sans des sondages prometteurs, le premier tour devient un simple témoignage avec tassement du score "de base". Les électeurs votent pour un gagnant et les sondages sont le point de passage préalable incontournable.
3) L'accélération du temps réel de campagne : puisque les sondages sont le tour qualificatif, la campagne électorale réelle démarre de plus en plus tôt. Le pouvoir sortant change de rythme. Les challengers doivent incarner l'alternance de plus en plus tôt.
4) La candidature comme faire part de naissance dans la compétition : la candidature signifie que l'intéressé participe à la compétition mais pas nécessairement au scrutin définitif. Il se met en situation. Bayrou vient de le confirmer dernièrement. Sa formulation a dissipé tout doute. Mais sa candidature n'est pas pour autant définitive.
5) Le passage du vote sur tout au vote sur un : hier l'élection reposait sur un programme généraliste. Aujourd'hui, c'est un referendum sur la priorité du moment vécue par l'opinion. L'élection US peut reposer sur le retour à l'emploi tandis que l'élection française pourrait être celle de la dette publique donc de la nouvelle gouvernance publique (économies, périmètre du secteur public ...).
Ces 5 révolutions impriment un nouveau rythme aux campagnes électorales mais aussi un nouveau contenu. Comme les électorats sont de moins en moins ancrés solidement, ce contexte mouvant devrait porter en lui des évolutions larges par rapport aux données initiales, ce qui avait été confirmé lors du scrutin US du 2 novembre 2010.
Sur ces 5 domaines, Ségolène Royal est très présente :
- elle dispose du réseau Internet et des réseaux sociaux probablement les plus mobilisés,
- elle a intégré le nouveau temps de campagne comme l'a montré sa présence terrain tout au long de l'été 2012,
- son faire part de candidature a été exprimé dans des termes clairs qui ne prêtent pas à confusion,
- elle se positionne de façon différenciée sur la façon de résorber l'endettement sans augmenter les impôts.
Il n'y a que le volet des sondages qui la pénalise actuellement. C'est d'autant plus regrettable que l'approche technique des sympathisants ne recouvre pas un échantillon représentatif des acteurs du scrutin.
C'est l'enjeu des débats publics que de faire bouger ce dernier indicateur.