Ségolène Royal et la surprise des primaires
Depuis de nombreux billets déjà, nous avions dénoncé le caractère techniquement fantaisiste des actuels sondages faute d'un échantillon de base solide.
Le quotidien Libération vient enfin de s'ouvrir à ce côté technique avec un article très argumenté qui résume toute "l'originalité" des actuelles enquêtes sur les primaires PS.
Techniquement, la primaire PS devrait se jouer entre Martine Aubry et Ségolène Royal dès l'instant qu'elle ne mord pas sur un électorat plus large que les militants PS. Or les contraintes pratiques de votes font qu'il est très probable que seuls les militants voteront ou du moins fourniront les gros bataillons du vote.
Ségolène Royal est probablement une concurrente à ce jour plus redoutable pour la majorité présidentielle que Martine Aubry parce qu'elle casse le choc frontal droite / gauche que porte Martine Aubry.
Aux Etats-Unis, la présidentielle se gagne "au neuf". En France, elle se gagne au Centre.
Aux Etats Unis d’Amérique, les élections reflètent le culte du neuf. L’électorat entend rompre avec le passé pour tendre vers le meilleur.
Dans ce cadre, le mot « nouveau » est l’un des mots magiques de toute campagne électorale.
Roosevelt lança le « new deal ». Kennedy annonça la « nouvelle frontière ». Johnson fit la promotion de la « nouvelle société » pour tourner la page des années Kennedy. Reagan engagea le « nouveau départ » pour rompre avec la faiblesse de Jimmy Carter…
Enfin GW Bush a surfé sur le « nouveau patriotisme » pour renouer avec les années Reagan et dénoncer les années Clinton d’une Amérique empêtrée dans des scandales peu honorables.
Ce cadre est donc favorable à l’émergence de nouvelles candidatures. Mais elles sont tellement nombreuses que tout l’enjeu d’une primaire consiste à construire son pouvoir d’évocation parmi une multitude de candidats.
La culture politique française est à l’opposé de cette place du neuf.
La nouveauté fait peur. La nouveauté c’est l’inconnu. L’expérience constitue donc un filtre incontournable.
L’expérience, c’est l’apprentissage des règles. L'élection se gagne au centre comme si le Chef de l'Etat devait être d'abord le point central de la société, ce qui explique le choc face aux premières années de la Présidence Sarkozy qui a rompu avec cette logique.
Par conséquent, il importe désormais à Ségolène Royal d'assumer pleinement cette "logique à la française" et c'est là toute la difficulté des primaires PS. Comment faire désigner par les seuls militants, donc par les plus radicaux, un candidat voué à présenter un programme modéré pour ne pas re-construire le camp de droite dans un réflexe "anti-gauche" ?
Martine Aubry est trop 1981 pour 2012 quand Ségolène Royal doit rester 2006 pour 2012. L'actuelle campagne des "sondages" est-elle une manoeuvre politique d'ampleur face à cette réalité du terrain ? Le premier tour de la primaire 2011 pourrait réserver des surprises considérables.
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