François Baroin et la guerre des territoires
La paralysie des décideurs politiques face à la crise économique est à la dimension de la nouvelle donne économique qui s'installe.
Les remèdes ne peuvent pas être techniques puisqu'il s'agit pas moins d'une nouvelle répartition mondiale du travail et du pouvoir d'achat.
Depuis des années, les multinationales ont exporté des unités de production dans des pays émergents avec comme seul souci d'optimiser la rentabilité financière.
Même en bénéficiant d'aides de l'Etat, ces sociétés ont ignoré leurs responsabilités nationales. Aujourd’hui, l'Europe est directement exposée aux conséquences de tels choix.
Dans l'industrie pharmaceutique, Chris Viehbacher, PDG de Sanofi, a présenté dernièrement les points forts de la valeur Sanofi détaillant le terrible poison de la stratégie des dernières années :
- Sanofi-Aventis est le quatrième groupe pharmaceutique mondial et le premier en Europe. C'est aussi le leader mondial dans le domaine des vaccins,
- le management arrivé fin 2008 a mis en place une nouvelle stratégie visant à rendre le laboratoire moins dépendant de quelques molécules phares, et ce afin de pouvoir faire face à l'avenir aux tombées des brevets et à la montée en puissance des génériques,
- Sanofi-Aventis s'oriente désormais, par croissance externe ciblée, vers des segments de marché en plus forte croissance et moins risqués comme les médicaments sans prescription, les vaccins, la biotechnologie mais également les génériques,
- l'acquisition de Genzyme donne un nouveau souffle à la valeur. Cette opération va notamment permettre à Sanofi de créer une nouvelle plateforme de croissance, d'avoir une présence renforcée en biotech et d'étendre son influence aux Etats-Unis,
- le laboratoire français est désormais le numéro cinq mondial des médicaments sans ordonnance, segment en forte croissance,
- le groupe met désormais en avant sa diversification géographique quand les pays émergents représentent déjà près de 30% de l'activité. Or ces marchés devraient contribuer à 50% de la croissance de l'industrie pharmaceutique dans les prochaines années.
Ce pari territorial avec le retrait des zones géographiques traditionnelles porte en lui les facteurs d'une crise économique durable et à très fort impact sur le niveau de l'emploi dans les "plus vieux pays".
Ce qui est le plus surprenant, c'est que des multinationales de ce type puissent opérer de telles stratégies avec des financements d'Etats qui mettent à contribution leurs contribuables pour payer ... la casse de leur emploi de proximité.
Pendant combien de temps encore un tel scandale sur les finances publiques peut-il demeurer ?
Les propositions de François Baroin devraient être présentées prochainement pour que ce cycle pervers prenne fin.