Marine le Pen et les promesses de la primaire PS
La crise actuelle porte en elle un sentiment global de faillite généralisée.
Les outils de gestion de la crise ont accéléré une perception d’exploitation qui avait disparu. Bien davantage, cette société libérale donne l’image d’une dévalorisation de la place de l’être humain.
La notion de classe s’était dissolue dans une tendance durable au progrès.
Cette notion revient sur le devant de la scène sur des bases nouvelles.
La présidentielle française 2012 se présente en effet sous un angle étonnant en la matière.
Pour qu’il y ait une conscience de classe, plusieurs facteurs doivent être réunis :
- l’individu estime que l’amélioration de sa situation ne peut être que le résultat de l’action collective et non plus le résultat des efforts individuels d’intégration,
- le rapport de forces remplace la négociation comme moyen d’obtenir des classes possédantes les avantages jugés équitables,
- la conscience de classe naît comme agent de transformation de la société bien davantage que toute autre appartenance.
Quand cette conscience se reconstitue comme actuellement, elle prend naissance sur des bases nouvelles marquées par une séparation binaire : les nantis et les autres.
Les «autres» c'est-à-dire le très grand nombre de tous ceux qui considèrent qu’ils ne sont plus invités au banquet et ils ont alors l’irrésistible envie de renverser la table.
Les nantis sont ceux qui, bien que souvent pour partie fauteurs de crise, échappent à la crise en accumulant des richesses qui deviennent provocations.
L’opinion attend des ruptures radicales. Plus ces ruptures tardent, plus la colère monte.
La société libérale était d’abord un produit du rationalisme. C’était la vision d’une société gagnant en cohérence qui installait progressivement une justice universelle.
Le voile s’est déchiré. Le temps des épreuves fait émerger de nouveaux centres de gravité sur le plan international comme à l’intérieur de chaque pays.
La crise révèle un anti-humanisme qui installe au grand jour une «morale des forts», qui ramène à de vieux clichés entre la morale des maîtres et celle des esclaves. Le fort agit à sa guise, comme il veut, par-delà le bien et le mal.
C’est ce climat qui fonde et légitime actuellement une violence inhabituelle dans sa pratique comme dans son acceptation par le grand nombre.
Le capitalisme reposait sur un sentiment du rôle «bienfaisant» du riche qui évite la misère pour tous. Ce rôle est aujourd’hui contesté.
La mondialisation est donc d’abord confrontée aujourd’hui à l’impératif d’édiction de nouvelles règles pour donner un sens au développement collectif.
C’est un défi considérable qui dépasse les simples réajustements techniques ponctuels.
La participation à la primaire PS comme la poussée de Montebourg au sein même d'un parti pourtant globalement réformiste modéré montrent une vague populaire qui monte pour exprimer une radicalisation vive.
C'est un terrain très favorable à un score d'ampleur pour Marine le Pen. Elle est peut-être aujourd'hui la première gagnante des enseignements majeurs de la primaire PS ?