Les primaires PS et les 5 enjeux majeurs
Les primaires du PS viennent de conforter 5 enjeux majeurs pour les prochaines années :
1) La fête du suffrage : la primaire a été célébrée comme la fête du choix ce qui recouvre deux volets : la possibilité même de choisir et la liberté de choisir. Après le premier tour, les dirigeants PS se sont éloignés de la logique fréquente de la "propriété des votes" en dissociant de façon habile les choix individuels et le comportement des autres.
Sur ce premier point, le PS a indiscutablement marqué un point en se montrant en étroite harmonie avec l'opinion.
2) Le nouveau sens des partis politiques : ils vont devenir des coquilles à organisation des décisions pour accéder au pouvoir. Mais à moyen terme, ils ne seront plus le lieu de la détention même du pouvoir. C'est une logique davantage de logistique que de cercle de pouvoir qui s'inscrit progressivement à l'exemple des Etats-Unis.
3) Le rapport entre l'idéal et la nécessité : la politique est vite passée d'un extrême à l'autre. Hier, elle était pleine d'idéal ("changer la vie"). Aujourd'hui, elle est pleine de nécessité. L'équilibre reste à trouver. C'est l'enjeu de fond des prochains programmes pour mai 2012.
4) La relation avec les classes moyennes : c'est l'enjeu décisif de 2012. C'est probablement là l'atout majeur de François Hollande. Les classes moyennes ont fait la victoire de Mitterrand en 1981. Elles avaient voté pour lui à hauteur de 57 % dès le premier tour. En 2007, ce chiffre est tombé à 37 % au premier tour. Les classes moyennes sont parties partout ailleurs et tout particulièrement au Modem et chez les écologistes.
Si Hollande est désigné et s'il parvient à garder les classes moyennes, la présidentielle 2012 est bien partie pour lui. Ce d'autant plus que Nicolas Sarkozy, par son style personnel davantage que par sa politique, s'est éloigné des classes moyennes.
5) Le rapport à la modernité et donc à la mondialisation : depuis 2005, chacun a pu identifier le socle de "l'anti-mondialisation" comme les raisons (sentiment de déclassement, d'abandon, d'inquiétudes ...). La crise ne peut que renforcer ce socle et ces raisons. Au sein même de l'enjeu du nouveau rapport entre l'idéal et la nécessité, c'est sur ce dossier concret de la mondialisation qu'un nouvel équilibre est à trouver.
Lors des primaires PS, sur ces 5 enjeux, le PS a un bilan partagé.
A l'actif, il a réussi la célébration du suffrage comme sa capacité à placer le PS dans le mouvement de la modernité dans ses conditions de fonctionnement.
Au passif, il n'a pas sérieusement arbitré sur les deux enjeux de fond que sont la définition du nouvel équilibre entre l'idéal et la nécessité comme le rapport clair à la mondialisation.
Dans son rapport avec les classes moyennes, c'est l'enjeu du vote d'aujourd'hui. Hollande est plus à même de les séduire alors que la rigidité doctrinale de Martine Aubry peut les inquiéter.