Dominique de Villepin et le jour du roseau
C'est le 13 décembre 2011 à 11 heures au Press Club de France que Dominique de Villepin officialisera sa position quant à sa candidature éventuelle à la présidentielle 2012.
C'est une date intéressante puisque, dans le calendrier républicain, cette date est le jour du roseau, symbole de ce qui ne rompt jamais, d'une apparence fragile mais d'une résistance à toutes les épreuves.
Fragilité, comme les sondages mais résistance comme l'éventuelle détermination implacable affichée comme naturelle dès 2009 ?
Au-delà de la date, trois constats méritent l'attention :
1) Un frémissement manifeste affecte les réseaux de Dominique de Villepin ces derniers jours. Longtemps très présent sur les réseaux sociaux, l'ancien Premier Ministre alimente actuellement de nouveau toutes les hypothèses sur ces supports. Leur mobilisation pour une éventuelle forte présence de militants au Press Club serait difficilement compatible avec une déclaration de non-candidature.
2) Le paysage de la présidentielle 2012 évolue rapidement et brutalement ces derniers jours pour tourner à une sorte de referendum sur le "combat contre la crise". Ce contexte ne plaide pas pour une candidature de Dominique de Villepin qui pourrait affaiblir son "camp historique" face à un Front National très élevé et au moment où le candidat du PS voit ses intentions de votes fléchir chaque jour.
Le prix d'une division perçue pourrait être très élevé dans de telles circonstances cassant la dynamique positive qui impacte le "retour de Nicolas Sarkozy" ces dernières semaines.
3) A l'inverse de la considération précédente, le tournant de la présidentielle semble se produire sur le thème du "destin de France" : comment éviter que l'intégration européenne ne procède à une forme de dissolution de la "valeur ajoutée historique" de la France : son patrimoine de valeurs, ses messages républicains ... ?
Par ailleurs, comment éviter qu'une éventuelle non-candidature ne disperse une part importante de son électorat vers des soutiens "atypiques" essentiellement animés par une forme d'anti-sarkozysme qui fut une partie non-négligeable du socle de son démarrage ?
L'émergence forte du thème de l'union nationale dans les propos de l'ancien Premier Ministre peut éventuellement ouvrir une voie nouvelle : une candidature qui ouvre la donne sans la figer définitivement.
Qui pouvait imaginer il y a encore 6 mois seulement que la crise puisse écraser maintenant à ce point la présidentielle 2012 ? A ce rythme, qu'en sera-t-il en février 2012 ?
Enclin à être "original", l'ancien Premier Ministre ira peut-être vers une déclaration conditionnelle lui permettant de s'engager dans la course plus officiellement sans pour autant que cet engagement ne soit irréversible dans les circonstances actuelles particulièrement mouvantes ?
Ce qui est sûr, c'est que l'exercice de style n'est pas aisé et qu'il comptera dans la présidentielle 2012 bien au-delà du seul poids des actuels sondages sur les intentions de votes en faveur de Dominique de Villepin.