Dominique de Villepin et la bataille de la marque
Dominique de Villepin livre actuellement la bataille la plus difficile pour un candidat mais la plus importante : installer le pouvoir d'évocation de son nom donc de sa marque.
L'analyse technique ne peut qu'être partagée à cette étape. Sa démarche est handicapée par trois éléments :
1) il ne dépasse toujours pas le débat sur la candidature. Hier empêtré dans l'incertitude de la candidature même, aujourd'hui il reste très défensif sur ce positionnement en passant son temps à répondre sur de nouvelles interrogations toujours liées à la candidature : parrainages, soutiens, scores ... Ce sont des questions qui intéressent beaucoup les journalistes parisiens mais peu l'opinion voire pas du tout car ce volet technique ne concerne pas les questions de la vie quotidienne,
2) le choix du "ni ni " (ni de droite ni de gauche) est toujours perçu comme fuyant par l'opinion habituée à la structuration de la droite contre la gauche. A vouloir refuser l'ancrage dans un seul camp, l'ancien Premier Ministre gagnerait probablement à se revendiquer de droite et de gauche selon les mesures proposées par lui, ce qui donnerait d'ailleurs une réthorique moins défensive, moins négative,
3) il se positionne beaucoup (trop ?) comme un ancien responsable public en évoquant "ses" bilans. Et si l'opinion attendait du neuf persuadée que depuis 30 ans tous les responsables publics ont d'abord connu des échecs à des degrès divers mais des échecs surtout ; d'où la situation actuelle du pays notamment sur le plan financier ?
Ce qui est intéressant dans son actuel positionnement, c'est surtout ce qu'il ne capitalise pas ou très peu :
- sa première candidature : il devrait en résulter une fraîcheur et une originalité toutes particulières là où les autres candidats semblent jouer la course à l'ancienneté,
- son parcours professionnel loin des "coteries électives politiciennes" : au moment où l'opinion a une appréciation très négative des politiques, il se démarque finalement assez peu des politiques auxquels pourtant il a été peu désireux d'appartenir rapidement,
- les propositions concrètes qui le différencient : la question posée est simple : si Villepin était élu, qu'est ce qui changerait immédiatement dans la vie des classes moyennes ?
Tant que Dominique de Villepin refuse ou reporte de cliver fortement sur ces derniers aspects, même s'il s'échine à rappeler que sa démarche n'est pas celle d'un règlement de comptes personnels, c'est cette dernière étiquette qui prime aux yeux de l'opinion.
Il ne la décrochera qu'en tapant plus fort sur de nouveaux terrains : sa propre histoire personnelle et les deux ou trois mesures fortes qui doivent être associées à son parcours actuel.
Sous ces angles, sa démarche est très instructive sur les enjeux et les difficultés à faire naître et vivre une marque dans un espace temps réduit et très encombré par une forte concurrence.