Le PS et les élections de la morale
Les prochaines élections seront dominées par la morale mais une nouvelle forme de morale.
Il ne s’agit pas de la morale telle que nous avons pu longtemps la connaître c'est-à-dire une ligne de frontière entre « les délinquants et les personnes honnêtes ».
C’est l’émergence d’une dimension morale d’un projet de société redéfinissant de nouvelles solidarités et permettant de considérer que la société redevient ainsi vivable.
C’est là une « troisième génération » de morale.
La première génération fut celle du respect des règles. La loi écrite doit être respectée.
La seconde génération fut la morale de l’efficacité. La loi écrite peut ne pas être respectée parce que l’efficacité commande un autre comportement ou parce que les usages s’en sont déjà terriblement éloignés.
La morale de l’efficacité, qui a connu son apogée dans les années 80, s’est révélée très inefficace. Elle a rencontré deux crises qui ont laissé des traces durables. La crise économique ponctuelle qui est apparue au début des années 90. Elle a constitué une première secousse avec des conséquences profondes. Mais surtout, la crise permanente qui est née avec le début des années 2000.
Cette crise actuelle est marquée par deux caractéristiques.
D’une part, elle est matérielle. Le chômage, les exclusions, l’érosion du pouvoir d’achat ...sont autant de facteurs d’une précarité matérielle difficilement supportable.
Mais surtout d’autre part, c’est une crise psychologique qui résulte et qui révèle un nouveau monde déboussolé sans perspective claire de sortie du tunnel. Dans cet environnement, il n’est plus question de vivre mais de survivre.
Dans ce nouveau contexte, dans un premier temps, la société a exprimé un besoin de vengeance vis-à-vis des élites. Ces dernières étaient supposées être épargnées et incapables de donner les outils d’une embellie. Cette phase n’est pas terminée loin s’en faut.
Cette nouvelle génération de la morale c’est la dimension morale d’un projet de société qui doit consister à rendre la société vivable.
Ce n’est plus un enjeu d’idéologies. Il y a longtemps que chacun considère que les idéologies n’ont plus rien à dire d’utile.
C’est une question de confiance pour mettre en application un nouveau projet de société mettant en œuvre de nouvelles solidarités, une nouvelle considération ; bref, une nouvelle forme d’harmonie à laquelle chacun aspire.
Cette troisième dimension s'ajoute à toutes les autres plus traditionnelles.
C'est le défi du PS que d'aller sur ce terrain et de l'occuper de façon crédible ce qu'il n'est pas encore parvenu à effectuer. C'est l'enjeu de son score lors de la présidentielle.