Présidentielles 2012 : des candidats en mal de confiance

  • Présidentielle 2012

Avant chaque campagne électorale, les études foisonnent pour déceler les qualités majeures du « bon candidat ».

Parmi toutes ces qualités, n’existe-t-il pas une d’entre elles qui est le socle de toutes les autres ?

Une campagne d'une démocratie moderne a résumé toutes les études : la campagne 2006 au Canada.

En novembre 2005, 64 % des électeurs estimaient que le Parti Libéral gagnerait l’élection alors distante de seulement moins de 90 jours du vote. L’un des concurrents du Premier Ministre sortant, par ailleurs leader du Parti Libéral, a alors entrepris une campagne négative quotidienne.

Cette campagne avait deux axes principaux : tourner la page des « affaires » et tourner la page des « mensonges ». Ces deux axes étant constitutifs d’un changement « pour de vrai » qui devrait permettre au Canada de connaître un nouveau départ.

Le travail de sape a commencé. Jour après jour, les mêmes reproches étaient formulés, les mêmes mots, les mêmes critiques graves. 45 jours plus tard, la confiance était ébranlée. Un livre que le « hasard » conduisait à une publication en pleine campagne devait être la « dernière goutte d’eau ».

L’opinion publique bascule en quelques jours et inverse toutes les tendances. 15 points de progression d’un côté pour près de 15 points de chute pour un autre camp politique.

Le pouvoir sortant qui avait commis l’erreur de sous-estimer l’impact de la campagne négative en commet alors une seconde. Il considère que deux débats publics permettront d’inverser la tendance en mettant en question la crédibilité et le réalisme du programme du challenger devenu leader.

Lors de ces deux débats publics contradictoires, le pouvoir sortant met son expertise dans la balance. Il chiffre les promesses. Il évalue l’évolution du niveau d’endettement du pays. Mais son concurrent ne se prête pas à ce jeu contradictoire. Il martèle toujours les mêmes reproches et se contente de balayer d’un revers de mains les demandes d’explications en prétextant que trompant hier les électeurs sur des « affaires » les nouvelles accusations sont toutes aussi fausses. Il n’y a donc pas matière à perdre du temps sur des « leurres ».

Ce qui passait pour la « dernière chance » de mettre un terme à cette poussée électorale surprise est sans impact. La campagne était jouée. La confiance n’étant plus au rendez-vous, les accusations nouvelles devenaient sans portée.

Cet exemple pratique récent atteste du rôle particulier de la confiance. C’est bien le socle qui rend possible l’acquisition des autres qualités.

Sans confiance, aucune communication n’est possible puisque le message est pollué dés l’origine.

Cette situation montre qu’il importe de toujours analyser attentivement certaines attaques pour bien veiller à ce qu’elles n’érodent pas la confiance.

Comment l’expliquer ?

La raison est simple. De façon très paradoxale, au moment où la société gagne en technicité, le flux d’informations comme la diversité des informations font que désormais la société préfère croire que chercher à comprendre.

Si la confiance n’existe plus ; par définition il n’est plus possible de croire puisque le message émis ne retient plus l’attention du récepteur.

La confiance est le vrai coffre fort qui rend tout le reste possible.

Accepter que la confiance puisse être atteinte et a fortiori emportée, c’est accepter qu’un concurrent fasse main basse sur tout le coffre fort.

C’est un enseignement important pour tous les élus qui subissent des agressions constantes des oppositions municipales. Ceux qui considèrent que ces attaques font partie du « jeu démocratique » et constituent une mise à l’épreuve de leur sens du sacrifice en faveur de la collectivité risquent de douloureux réveils. Quelque temps plus tard, la confiance a été déstabilisée et les explications données perdront alors une grande partie de leur efficacité.

Avant tout lancement d’une campagne électorale, il importe donc de bien identifier la réalité du socle de confiance dont bénéficient les forces en présence. Ce sera une grille de lecture des réactions à adopter.

C'est aujourd'hui le manque de confiance qui fragilise tous les candidats et assure la volatilité de l'électorat.

  • Publié le 28 février 2012

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