Jean Luc Mélenchon et la crise de régime
Quelques semaines après le résultat de mai, l'opinion publique française risque de se réveiller avec un goût amer de rendez-vous essentiel raté. Tout est désormais réuni pour une véritable crise de régime et non plus une crise parmi d'autres dans le régime politique de la Vème République.
La présidentielle 2012 devient une caricature de la quasi-totalité des blocages d'un système politique à bout de souffle.
1) Le point de passage pour les candidatures : le parrainage coupé des citoyens aboutit à des "originalités" irréelles à l'exemple des candidatures de Cheminade et de celles de l'extrême gauche tout particulièrement.
2) Les primaires : elles ont été le creuset de la marginalisation des Verts avec la défaite de Nicolas Hulot quand les seuls militants radicalisés choisissent leur candidat.
3) L'égalité des temps de paroles : dans la dernière ligne droite, la plus importante, il n'y a plus de véritable exposition médiatique sérieuse. Cheminade réunit 15 personnes. Il bénéficie du même temps d'exposition que Sarkozy qui, le même jour, en réunit ... 5 000.
4) Les débats contradictoires : probablement pas un avant le 1er tour réunissant tous les candidats.
5) Les financements : opacité totale notamment dans la valorisation du temps de travail des collaborateurs des collectivités locales.
6) Les fonctions d'investigation des médias : la généralisation d'une presse d'opinion qui trie les faits selon des critères d'une hypocrisie totale dans leur traitement. Le fils Sarkozy envoie une tomate sur une agent de police. Il est à la une. Presque dans le même calendrier (début mars 2012), le fils de la compagne de Hollande est pris à consommer de la drogue à la sortie d'un établissement scolaire huppé du 16 ème arrondissement de Paris : pas une ligne.
7) Les sujets techniques sérieux : aucun effort de pédagogie pour sensibiliser les français à des choix incontournables tout particulièrement sur les économies budgétaires drastiques à réaliser. Les candidats souvent ne répondent pas aux questions des journalistes et les journalistes passent alors ... à la question suivante. Le programme de Mélenchon est d'une irresponsabilité totale mais pas de problème puisqu'il ... anime la campagne.
Et dans la foulée, sur la base d'un contrat peut-être confié à Hollande avec aucun programme sérieux en retour si ce n'est l'organisation méticuleuse d'un vote négatif sur le style du Président sortant, il s'agira alors de lui donner ... une majorité parlementaire puisqu'il vient d'être élu. Et l'opinion repart pour un tour dans un manège électoral indigne d'une démocratie moderne avec un calendrier qui est la négation de la reconnaissance d'un pouvoir parlementaire.
Jean Luc Mélenchon est aujourd'hui la création d'un système politique manifestement à bout de souffle d'abord soucieux de crier sa colère. Qu'en sera-t-il demain quand le retour à la réalité imposera des arbitrages budgétaires douloureux ?