Nicolas Sarkozy et la logique du "sale boulot"
La question est simple et compliquée à la fois : "le 6 mai sera-t-il le fils du 22 avril ?".
Rien n'est moins sûr.
L'opinion a trois moteurs pour juger un leader sortant revenant devant ses suffrages :
- l'affection : en l'espèce, ce moteur fait défaut et d'ailleurs la campagne 2012 n'a pas sérieusement tenté de le faire repartir,
- le respect : c'est le témoignage de la reconnaissance face à la qualité indiscutable d'un bilan. Là aussi, l'ambiance de déni de la crise ne prête pas à la naissance de ce réflexe,
- la comparaison : c'est le réflexe qui marque le seul vote du "vrai choix". Le premier tour n'est pas le vrai choix. Mais le second tour, c'est le vrai choix, c'est le jour où l'opinion sait qu'elle doit peser entre tous les dangers. Et là, son vote peut bouger de façon significative.
Le 22 avril est le jour des colères et des espoirs.
Le 6 mai est le jour des dangers et des réalités.
L'ambiance est totalement différente.
C'est là où l'élection française 2012 peut ressembler à l'élection américaine de 2004. En 2004, Kerry avait compté jusqu'à 17 points d'avance. Bush était donné comme "perdant obligé". Et Kerry pensait surfer sur des propositions vagues : "l'Irak : construire une coalition de pays", "Israël : revenir au dialogue du temps de Clinton" ... "la Présidence Bush : une série ininterrompue d'erreurs" ...
Mais le jour du vote, l'Amérique a considéré que Bush avait "fait le sale boulot" et qu'à ce titre il méritait de bénéficier d'une forme de "continuité dans la sécurité". Bush a gagné.
Avec des opinions modernes aussi émotionnelles, le 6 mai ne sera pas le fils du 22 avril parce que la question perçue par l'opinion n'est pas la même.