Nicolas Sarkozy et la "fausse campagne"
La campagne présidentielle 2012 est pour l'instant une "fausse campagne" pour 4 raisons fondamentales :
1) Le cadre juridique de l'égalité des temps de paroles casse la campagne dans la dernière ligne droite, celle qui est pourtant décisive. Quand le sprint final fait vivre ailleurs la comparaison entre les vrais choix, en France, il n'y a plus de campagne digne de ce nom parce que l'information devient un survol de l'activité de chaque candidat.
2) Avec cette contrainte, le choc entre Nicolas Sarkozy et François Hollande était supposé vivre sur la différence entre le sprint qui crée la dynamique (Nicolas Sarkozy) et le marathon qui crée l'usure (François Hollande). Mais comment faire vivre un sprint si les temps forts les plus récents ne sont pas rapportés à l'opinion pour la raison indiquée ci-dessus et si l'usure ne peut pas intervenir parce que la mise à l'écart obligée économise ?
3) Les débats entre les principaux candidats n'ont trouvé aucun espace. Les principaux candidats n'ont pas débattu entre eux avant le premier tour et ils ont refusé de débattre avec les autres concurrents. C'est une situation atypique que de voir une démocratie aussi incapable d'organiser des débats en nombre et sur des thèmes variés.
4) L'espoir a été absent des perspectives. Nicolas Sarkozy occupe le créneau de la raison, Hollande celui de l'alternance pour principe, Mélenchon et Le Pen le créneau de la colère sous des formes différentes. Mais l'espoir est ailleurs, absent, impossible. C'est d'ailleurs cette absence qui a ouvert des espaces nouveaux. Car l'espoir reste le premier vecteur d'un vote. Ce fut d'ailleurs la force d'Obama en 2008 : incarner l'espoir de jours meilleurs.
C'est peut-être la seule cohérence de la présidentielle 2012 : une fausse campagne ne peut pas donner naissance à un vrai espoir.