Nicolas Sarkozy et l'opinion frustrée
C'est une triste fin de premier tour qui est actuellement vécue par l'opinion publique française.
Trois raisons fondamentales font naître une réelle frustration :
1) Le cadre légal tue la campagne dans sa dernière ligne droite. Probablement jamais une campagne n'aura été aussi victime d'un cadre légal inadapté à ce point pendant la période dite officielle. La logique de l'égalité d'exposition des candidats poussée à un tel extrême devient la négation même d'une information réaliste. Accorder le même temps de parole à Sarkozy ou Hollande réunissant chacun plusieurs dizaines de milliers de personnes mais aussi à Cheminade tenant une conférence de presse quasi-virtuelle sur Internet devant un drap tendu relèverait d'une plaisanterie folklorique si les enjeux n'étaient pas aussi lourds.
2) L'absence de débats entre les réels prétendants instrumentalise les commentateurs qui, par précaution, restent sur la réserve ouvrant ainsi un "vote à la quasi-aveugle" dans des conditions irréelles.
3) Le décrochage entre Internet et les médias classiques s'accentue excessivement. Le dernier exemple en date est la rumeur sur la montre de Sarkozy qui se développe sur Internet. Le Président sortant aurait quitté sa montre de peur qu'on la lui vole en serrant les mains place de la Concorde. Il suffit de regarder les images pour constater qu'une poignée de mains "sportives" a fait sauter le bracelet de la montre avant qu'il ne la retire. Cette matérialité des faits non corrigée donne lieu aux interprétations les plus diverses et malveillantes.
C'est une opinion frustrée qui vit donc la dernière semaine dans une telle ambiance trop éloignée d'une véritable compétition démocratique susceptible de tester les tempéraments des candidats principaux.